NB : Texte publié dans « Sud Quotidien »
du 03 décembre 2019
Il ne se passe guère de
jour sans qu’un homme politique ou un média, toutes obédiences et tous courants
confondus, ne fustigent les pernicieuses entreprises de ceux qu’ils désignent
sous l’infâme néologisme « d’islamistes ». C’est en effet le terme jugé politiquement
correct par lequel on nomme les extrémistes musulmans, mais c’est un choix
contestable parce que dans « islamistes » il y a « Islam » et comme il n’existe
pas de terme correspondant pour définir les « bons » musulmans, cette confusion
est souvent l’occasion de mettre tous les musulmans dans le même sac et
d’offrir une tribune à tous ceux qui veulent les dénigrer, comme les mouvements
dits « Ex-muslims » animés par des hommes et des femmes qui ont renié leur foi
musulmane.
Par ailleurs, si «
islamistes » désigne les « mauvais » musulmans, il faudrait alors inclure sous
cette appellation tous ceux qui refusent l’invite à faire de l’Islam « une
religion du juste milieu », et parmi ceux-ci les maîtres coraniques qui
torturent leurs élèves ou les « marabouts » qui subornent leurs disciples et
les conduisent non vers la lumière, mais vers l’obscurantisme et
l’asservissement… Quoiqu’il en soit, le succès de l’expression « islamiste »
qui désigne au mieux quelques milliers de femmes et surtout d’hommes, a fini
par faire oublier qu’il existe un milliard d’hommes et de femmes qui se
prévalent d’appartenir à l’Islam, qui ne posent pas de bombes, ne sont pas
forcément accros de la barbe ou de la burka, et qui dans leur grande majorité,
veulent vivre leur foi sans excès ni violence, dans le respect de l’autre, en
conformité avec les lois qui les gouvernent et les principes des droits
humains. On oublie que ces musulmans « ordinaires « sont en réalité les
victimes principales de la folie des « islamistes » et que c’est en milliers de
morts que se comptent les pertes humaines que ceux-ci produisent en leur sein.
Au nord du Nigéria, et pour la seule année 2014, les attentats de l’un de leurs
plus violents mouvements ont fait des centaines de morts à Borno (200 morts), à
Jos (118 morts), à Kano (120 morts) etc. Au Pakistan, des attentats «
islamistes » ont visé les lieux les plus sacrés : écoles, universités, centres
de santé, mosquées, etc. En Somalie, un seul attentat a fait 358 morts et des
centaines de blessés ! Enfin ils sont des milliers de musulmans à avoir trouvé
la mort dans des attentats « islamistes » en Irak, en Afghanistan, en Egypte,
en Indonésie, en Syrie etc.
La chine, seul État a incarcérer un million de
personnes !
On oublie surtout que les
musulmans ne sont pas victimes des exactions des seuls « islamistes » et que
dans de nombreux pays du monde, ils sont ostracisés ou subissent des sévices
comme on n’en a jamais connus depuis la deuxième guerre mondiale. Quel pays
aujourd’hui oserait aujourd’hui traiter ses minorités comme sont traitées les
minorités musulmanes en Chine, en Inde, en Birmanie ou en Israël ? Les
démocraties occidentales font soudain semblant de découvrir que les Ouighours,
communauté turcophone de confession musulmane qui peuple le Xinjiang, sont
l’objet de graves sévices de la part des autorités de Pékin. Il a fallu la
publication de centaines de documents internes du Parti communiste chinois par
le New York Times, il a fallu que 17
grands journaux du monde fuitent des instructions officielles du gouvernement
chinois pour qu’elles s’émeuvent du sort des Ouighours. En Chine un million de
personnes appartenant à cette ethnie, soit un dixième de la population totale,
sont détenues dans de véritables camps de concentration appelés pudiquement «
centres de formation professionnelle », ce qui fait de ce pays le seul au monde
où l’on maintient en prison une population aussi importante. Ces prisonniers
font l’objet d’une détention « calculée, coercitive et extra-judiciaire » et
sont soumis à une vidéosurveillance dans tous les actes de leur vie. Le
président Xi Jinping s’est engagé à être « sans pitié » à leur égard, à
extirper l’Islam de la Chine, à contrôler toute la population ouighour au point
de soulever des résistances au sein même des agents d’exécution de sa
politique… L’Inde est aujourd’hui, au XXIe siècle, le seul pays au monde avec
Israël à pratiquer l’apartheid et à traiter de citoyens de second ordre une
partie de sa population. Le Premier Ministre Narendra Modi a renié les
principes fondateurs de la nation indienne, repris à son compte les thèses des
nationalistes extrémistes hindouistes qui diabolisent toutes les minorités,
jugées non indiennes et les accusent d’être responsables des malheurs du pays.
La plus importante de ces minorités est constituée par les musulmans, traités
de « termites », soumis à des lynchages et à des campagnes de haine, entre
autres sévices. Ils représentent pourtant une population de 172 millions de
personnes, ce qui en fait la troisième communauté musulmane du monde. Leur
ostracisation s’est traduite récemment par la déchéance de la nationalité
indienne de 2 millions de musulmans de l’Assam, condamnés à devenir des
apatrides ou à la déportation, et par l’autorisation, accordée par la Cour
Suprême et approuvée par le Premier Ministre, de reconstruire un temple hindou
sur le site où la destruction d’une mosquée avait fait 2000 morts en 1992 !
Un prix Nobel accuse de crime contre l’humanité !
Quant à la minorité
musulmane de Birmanie, elle est considérée par les Nations-Unies comme « la
plus persécutée du monde ». Le gouvernement dénie la citoyenneté birmane aux
Rohingyas qui sont pourtant présents sur le territoire depuis le VIIe siècle.
Il interdit même qu’on les appelle autrement que « Bengalis » pour affirmer
leur origine étrangère, au point que le pape François, en visite dans le pays,
s’est abstenu de prononcer le terme Rohingyas. Les autorités birmanes appuyées
par une campagne de haine menée par internet, ont contraint à l’exil près de
700.000 personnes, au moyen d’opérations de répression menées par l’armée. Elles
ont, toujours selon les Nations-Unies, renforcé leur « intention génocidaire »
contre celles qui demeurent encore sur le territoire birman, au point que des
voix s’élèvent pour exiger que ses responsables soient traduits devant la Cour
Pénale Internationale. Parmi eux, le chef de gouvernement de facto, Aung San
Suu Kyi, Prix Nobel de la paix ! On pourrait poursuivre cette énumération et
citer le sort fait par le gouvernement Netanyahou aux Palestiniens de toutes confessions,
en Cisjordanie où ils sont sous occupation militaire, en Israël où ils sont
victimes d’un véritable apartheid. On pourrait citer les mesures
discriminatoires prises par Donald Trump qui interdit l’accès du territoire
américain aux ressortissants de plusieurs pays parce qu’il s’agit de pays
musulmans.
On pourrait souligner
qu’aujourd’hui en France et dans bien d’autres pays européens, un musulman
risque sa vie s’il prononce la formule « Allaahu Akbar », assimilée désormais à
un appel au meurtre, alors qu’elle signifie « Dieu est grand » et que c’est
elle qui ouvre toutes les prières de tous les membres de la Umma islamique… On
ne peut pas exclure l’idée que ce sont toutes ces injustices accumulées, toutes
ces violences non sanctionnées, ces sources de frustration du monde musulman
qui sont le fait de gouvernements membres des Nations-Unies, qui poussent
quelques illuminés à recourir à des actes de barbarie contre ceux qui à leurs
yeux en sont les responsables ou les complices. Malheureusement leur solution
n’est pas la bonne et par leurs actes ils s’excluent en fait d’une communauté
dont le Livre Saint proclame que l’être humain est chose sacrée et que « celui
qui a tué un innocent est considéré comme avoir tué tous les hommes ! » (Coran
V, 32).
1 commentaire:
Allahu akbar se traduit en français par Allah est le plus grand et non Allah est grand.
Merci de rectifier !
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