Je suis historien et géographe de formation. J'ai été enseignant-formateur à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Dakar, puis en charge de différentes structures et directions administratives. A la retraite depuis plusieurs années, je profite de ma liberté recouvrée pour assouvir une vieille passion : écrire. Ces dernières années, j’ai publié deux romans («Mon villages au temps des blancs » en 2000 et «La Raparille» en 2010) ainsi que trois essais (« A mes chers parents gaulois » en 2007 ; "Wade Mecum ou le wadisme en 15 mots" en 2010; "Le temps des choses jamais vues : chronique des années Wade-Sarkozy", 2013). Je publie régulièrement des chroniques dans divers journaux sénégalais (en particulier « Nouvel Horizon » et "Sud Quotidien").

lundi 16 décembre 2019

ARROGANT COMME UN PRESIDENT FRANÇAIS EN AFRIQUE !



NB : Texte publié dans « Sud Quotidien » du 16 décembre 2019

« Arrogant comme un Français en Afrique », c’est le titre d’un essai du journaliste Antoine Glaser, mais quand ce Français est Président de la République, l’arrogance est sans limites et les premières victimes sont les présidents de ce qu’on appelait le pré carré français.
Sans remonter au Général de Gaulle, qui ne s’adressait aux présidents africains que par Jacques Foccart interposé et qui traitait Bokassa de « soudard », on a tous en mémoire les écarts de ponctualité dont ont fait preuve ses successeurs lors de leurs rencontres avec leurs homologues africains. Si Thomas Sankara avait rué sur les brancards face à Mitterrand, il n’en a pas été de même pour Joseph Kabila que nous avons tous vu faisant le pied de grue, flanqué de l’ex Président Abdou Diouf, et attendant stoïquement que François Hollande veuille bien descendre pour ouvrir le XIVe sommet de l’OIF qui se tenait à Kinshasa.
Personne, bien sûr, n’a oublié le discours prononcé en juillet 2007 par Nicolas Sarkozy devant tout le gotha politique et universitaire sénégalais et dans l’amphithéâtre d’une université qui porte le nom de Cheikh Anta Diop. On attendait un geste de repentance, comme les Belges en ont eu sur le Congo ou le Congrès américain sur l’esclavage et la discrimination raciale, on a eu droit à des propos outrageants, qui n’ont jamais été suivis d’excuses, et selon lesquels l’homme africain était non seulement responsable de ses malheurs mais avait en outre l’imprescriptible faiblesse de n’être pas « assez entré dans l’Histoire ». On croyait qu’après le tollé soulevé par ce discours, son auteur allait désormais se passer de nous faire la leçon, mais c’était oublier que Sarkozy n’était pas seulement arrogant, mais qu’il était aussi un récidiviste impénitent. C’est ainsi qu’il y a quelques semaines, au cours d’un colloque tenu à Rabat et où sa présence ne pouvait être justifiée que par ses accointances avec les plus hautes autorités marocaines, il s’est une nouvelle fois autorisé à s’ériger en maître d’école en invitant les Africains à faire moins d’enfants. Pour cette fois au moins il s’est trouvé une voix pour le remettre, courtoisement, à sa place et, pour notre plus grand plaisir, cette voix était celle de la présidente du CESE (conseil économique, social et environnemental) du Sénégal.
Dommage tout de même qu’une autre voix, moins tenue par le langage diplomatique, n’ait invité l’ancien président français à s’expliquer plutôt sur les accusations de corruption portées contre lui dans l’affaire dite « des billets et des bombes » qui le lie à l’ancien guide libyen, Kadhafi…
On ne doit donc pas être surpris si le jeune jupitérien de quarante ans qui préside aujourd’hui aux destinées de la France et que ses compatriotes eux-mêmes jugent arrogant, s’inscrit sur les pas de Nicolas Sarkozy. Avec cette différence que contrairement à ce dernier, il a lui, lu La Fontaine et voilà ce que cela donne :
« Jupiter dit un jour
Que tous les chefs d’État du G5,
S’en viennent comparaitre aux pieds de ma grandeur ! »
Emmanuel Macron ne se contente donc pas de distribuer des leçons, il donne des ordres, que dis- je : il tonne, il menace, comme jadis de Gaulle menaçait de priver d’air pur les Africains qui voteraient pour l’indépendance. S’il parle ce n’est pas pour expliquer la partition de fait du Mali et le statut infamant de Kidal, imposé par la France, c’est pour remettre en cause, unilatéralement, « le cadre et les conditions de l’intervention française » au Sahel !
Pour donner plus d’écho à sa voix, il choisit un lieu, un moment, une tribune, il choisit Londres et la commémoration des 70 ans de l’OTAN pour lancer sa fatwa urbi et orbi. On croyait pourtant, naïvement, que c’était l’occasion idéale pour interpeller ceux de ses collègues qui trainent les pieds pour aller soutenir les forces françaises au Sahel, alors qu’ils sont responsables de la crise qui a fait sauter le verrou libyen et déversé armes et combattants dans les pays sub-sahariens. Que nenni ! Macron ne s’adresse nullement à ses homologues de l’OTAN, mais bien aux chefs des pays victimes de cette invasion, et il n’attend pas d’être en Afrique pour le faire. Avec eux il n’a pas besoin de prendre des gants et les termes qu’il emploie ne sont pas ceux qu’il aurait employés face aux dirigeants chinois car avec Xi Jinping les divergences sont débattues en aparté et loin des oreilles indiscrètes.
Il est fâché, Macron, et il faut que les présidents africains le sachent : la perte de 150 soldats maliens en un mois, soit 1% des effectifs de l’armée, c’est un risque inhérent à la guerre, mais la mort, accidentelle, de 13 soldats français, ça c’est inadmissible à ses yeux !
Son ton est donc ferme, comminatoire : « Je veux des réponses claires et assumées ! ».
Le délai de réponse qu’il fixe aux cinq présidents africains est précisé : il est à « court terme ! ».
L’ordre est formel : il arrête d’autorité la date et le lieu de ce Canossa auquel ils sont convoqués :
« Ce sera le 16 décembre, un point c’est tout ! Dès que j’en aurai fini avec ces satanés syndicalistes, ce sera à votre tour de m’entendre et vous n’avez qu’à remanier vos calendriers ! Mais ce ne sera ni à Versailles ni à Nice, ce sera à Pau, la ville de mon ami Bayroux. Cherchez sur la carte, ce n’est point sur votre trajet habituel… Et ne venez pas avec vos boubous, il y fait 5° ».  
Le président français a déjà circonscrit ceux qui devront lui rendre compte : ce ne sont ni Salif Keita ni les porte-parole de la société civile qu’il prend pour de la roupie de sansonnet, ce sont « les responsables politiques », à commencer par les chefs d’État eux-mêmes. Il ne se contentera pas de vœux pieux, il attend qu’ils « formalisent leur demande » d’aide à l’égard de la France. Il dessine le service après-vente et comme il n’a pas confiance, il exige, qu’après avoir rempli cette formalité, ils « l’affirment clairement devant leur opinion publique ».
Enfin il menace et annonce les mesures de rétorsion : si les présidents ne se soumettent pas, ils peuvent dire adieu à Barkhane !
Emmanuel Macron n’a certainement pas lu Bakary Diallo et sa (supposée) œuvre au titre prédestiné, « Force-Bonté », mais par un curieux hasard et à plus de 90 ans d’intervalle, il voit son pays dans la même situation que la Dame qui dans ce livre partage son pain avec les oiseaux. La France c’est cette Dame généreuse et protectrice, les oiseaux, ce sont les Maliens et autres Africains qui lui doivent reconnaissance de l’aide qu’elle leur fournit et obéissance à ses ordres.
Un Ghanéen, un Nigérian s’étoufferaient d’indignation face à ce discours. Les mots du président français, son comportement, sa manière de faire avec ses collègues africains, sont en effet inconcevables dans les relations entre un Premier Ministre britannique et les présidents des anciennes colonies anglaises d’Afrique.
Mais à qui la faute ?
A nous !
Un proverbe africain dit que nous ne devons éprouver aucune honte lorsque notre hôte nous sert un repas dans une écuelle pour chiens.
Ce qui serait honteux c’est de manger ce plat !
Il y a pourtant un signe d’espoir : même si la partie française veut faire croire que l’initiative vient encore d’elle, c’est bien parce que trop c’est trop et surtout parce que ses invités ont été chahutés par leurs peuples et sommés de ne pas déférer à la convocation, que la séance d’explication a été renvoyée à l’année prochaine.
Espérons que ce ne soit que le début d’une révolte qui se fait attendre depuis soixante ans !
NB : Les mots en italique sont extraits des propos du président français.

LE KWASSA-KWASSA PECHE PEU, IL AMENE DU COMORIEN !




Texte publié dans Sud-Quotidien du 29 octobre 2019

                 
Cette phrase est d’abord une parfaite illustration de ce que les chefs d’Etat occidentaux disent dans le dos des nôtres… quand contrairement à Donald Trump, ils cultivent le politiquement correct. Mais si je la cite c’est surtout parce que celui qui l’a prononcée, et qui ne s’en est jamais excusé, le président Emmanuel Macron, a commis ce jour-là non pas une bavure langagière, mais une vraie faute et sur un sujet très grave.

Le Comorien n’est pas une espèce pélagique parmi d’autres, mais un homme ou une femme doués de raison. Les kwassa-kwassa, ces embarcations de fortune utilisées par les passeurs clandestins, n’amènent pas toujours du Comorien, elles laissent quelquefois des cadavres sur leur passage et on n’en comptait 12000 au moment où Macron faisait rire à leurs dépens. Enfin, jusqu’en 1976, jusqu’au moment où la France a imposé un référendum réservé à la seule île de Mayotte pour la pousser à choisir son rattachement à l’ancienne métropole plutôt que son maintien dans un territoire dont elle avait longtemps abrité le chef-lieu, les Mahorais n’étaient eux-mêmes que des Comoriens comme les autres, une composante du peuple comorien dont ils partagent la langue et la culture !

Mayotte c’est ce quoi nous avons échappé nous Sénégalais, lorsque Mamadou Dia a décidé le transfert de la capitale du Sénégal à Dakar, avant que la même offre, sécessionniste mais tentante, ne soit faite aux Lébous de la presqu’ile du Cap Vert…

Si aujourd’hui le président français fait un petit saut à Mayotte c’est que Marine Le Pen l’y avait battu au premier tour des élections présidentielles de 2017 et rassemblé plus de 42% de voix au second tour et que la reconquête des terres acquises à l’extrême droite est une de ses obsessions. Mayotte est par ailleurs la terre idéale pour imprimer sur les mémoires les affres de la « submersion migratoire » et du « remplacement » qu’il ne caresse certes pas mais que de mauvais et populaires prophètes promettent à la France.

« La stigmatisation des migrants et celle des musulmans c’est pas républicain, mais ça amène des voix ! », pourrait-on dire, en paraphrasant la mauvaise blague citée plus haut. Elle est devenue en effet pour toute la droite « classique » et l’extrême droite françaises le meilleur atout gagner les voix des couches populaires. Emmanuel Macron reprend à sa manière les paroles de Michel Rocard mais en réalité il est bien plus proche des positions de Marine Le Pen que de celles de l’ancien Premier Ministre socialiste. Il a même emprunté et recyclé une vieille théorie de la présidente du RN en opposant « les bourgeois qui ne croient pas à l’immigration » aux plus pauvres « qui en sont le réceptacle » et qu’il prétend vouloir protéger. Pour ne pas se couper de cet électorat, il est prêt à envisager une réforme d’un des vieux acquis des migrants les plus démunis : l’aide médicale gratuite qui leur était accordée.

Malgré son passé de puissance coloniale, malgré l’usage qu’elle a fait de la main d’œuvre bon marché importée de ses anciennes possessions, la France est aujourd’hui, au sein de l’Union Européenne, l’un des pays les plus hostiles à l’entrée et à l’assimilation de migrants sur son territoire.

En 2017 elle était, par rapport à sa population, au 12e rang en matière d’accueil des immigrés. Pour ce qui concerne les demandes d’asile et en chiffres absolus, elle a reçu 5 fois moins d’étrangers que l’Allemagne, et moins du double que ceux qui ont été accueillis par la Suède, pays six fois moins peuplé qu’elle et périphérique par rapport aux flux d’entrée des migrants. Elle est enfin au 21e rang en matière de titres de séjour délivrés à des non Européens, en octroie même 5 fois moins que le Royaume-Uni. Dernière différence, très significative : si en Allemagne le migrant est considéré comme un futur citoyen, en France il reste d’abord un étranger. On peut même dire que la citoyenneté française est plus que jamais aléatoire, du moins si l’on se réfère aux propos d’Eric Zemmour selon lequel le prénom que porte Habsatou Sy, cheffe d’entreprise qui s’était donné un mal fou pour faire oublier ses origines, était une « insulte à la France » et qu’elle aurait dû s’appeler Corinne !

Nous avons tous été tristes d’apprendre qu’en France, au XXIe siècle, un agriculteur et un pisteur-secouriste ont été condamnés ou poursuivis pour « crime de solidarité », pour avoir porté secours à des migrants en détresse.

Mais c’est encore ce qu’on désigne par cet affreux terme fabriqué au mépris de toute grammaticalité, c’est « l’islamophobie » qui est l’arme principale de conquête des voix à droite, peut-être parce qu’il offre aussi l’occasion de régler sournoisement de vieux comptes. Aujourd’hui, en France, les hommes politiques, les journalistes et autres chroniqueurs peuvent absolument tout dire sur l’Islam, publiquement et sans aucune limite, et pour beaucoup de ces oracles il n’y a aucune différence entre musulmans et « islamistes » :

« Je déteste la religion musulmane... Il m’est arrivé de prendre le bus ou un bateau où il y avait quelqu’un avec un voile et je suis descendu ! » avait clamé sans nuances (mais sans dire s’il avait sauté dans la mer !) Yves Thréard, qui n’est autre que le directeur adjoint de la rédaction du plus ancien (près de deux siècles !) et d’un des plus prestigieux quotidiens français.

« Je me fous d’être traitée d’islamophobe ! » renchérit Elisabeth Levy, directrice de la rédaction d’un autre magazine.

D’autres journalistes de moins grande envergure, abondent dans le même sens et usent de terribles références, l’un comparant le voile aux uniformes des SS nazis, un autre traitant « d’islamo-collaborateur » tout musulman qui témoigne publiquement de sa foi. Le Ministre de l’Éducation Nationale en personne a ajouté son grain de sel en prétendant qu’il y avait de petits garçons qui refusaient de donner la main aux petites filles, sous-entendant que c’étaient des graines d’islamistes qui germaient dans les écoles des cités !

Si pour beaucoup de Français le voile, la barbe…et même la Clé USB sont d’évidents signes de radicalisation, c’est surtout le premier objet, le voile qui s’est transformé en hystérie française. « Le voile voile tout », il fait un buzz garanti, il est le principal sujet de débat des chaines d’information continue et les voisins ou partenaires anglo-saxons de la France n’en reviennent pas...

Personne en France n’est prêt à entendre la voix d’Ilhan Omar, américaine d’origine somalienne, membre du Congrès, lorsqu’elle affirme : « Personne d’autre que moi-même ne me met le foulard sur la tête ! »

Personne évidemment ne peut comprendre qu’à la demande de cette élue démocrate, le Congrès soit disposé à modifier son règlement pour autoriser la présence de femmes voilées en son sein, alors que le port d’une coiffure y était interdit depuis 181 ans ! Car en France la laïcité est agressive, intransigeante, même s’il n’y a aucune mention de ce terme dans le texte de la loi de 1905 que ses défenseurs invoquent à l’unisson !

Un homme symbolise en France la stigmatisation des immigrés et des musulmans, continue à jouer les Cassandre apocalyptiques sur les chaines d’information, alors qu’il a été condamné par Cour de Cassation pour « provocation à la haine raciale ». Si Dieudonné a été réduit à la clandestinité après sa condamnation pour propos antisémites, Éric Zemmour continue de valser entre conférences et débats publics, dope les audiences d’une chaine qui profite de l’aide publique, puisqu’elle est sur la TNT, dont l’un des propriétaires est connu pour ses réseaux africains, et comble d’impunité, ses prestations sont mises en valeur par une journaliste d’origine antillaise ancienne membre du CSA !

Emmanuel Macron préfère se consacrer aux sujets qui font consensus, comme le « communautarisme » (qui est souvent en réalité une exclusion), et le débat sur le voile dans l’espace public n’est pas son affaire, dit-il. Ce n’est ni courageux ni responsable de la part du chef suprême de la nation, parce qu’au-delà de ce bout de tissu, ce qui est en cause désormais c’est une tentative d’opposer les Français musulmans aux autres Français.

Certains, comme Éric Zemmour, le disent sans équivoque : les Français de confession musulmane ou d’origine musulmane doivent « choisir entre l’Islam et la France ». M. Macron n’a pas le droit de fermer les yeux lorsque la laïcité est « instrumentalisée pour le compte d’une vision ségrégationniste, raciste, xénophobe, mortifère de la société ». Il a le devoir de mettre le holà lorsqu’un élu use de délation et de persécution et tente de faire exclure de la communauté une femme qui est dans son droit ,parce que c’est ainsi qu’est né le maccarthysme!

En attendant, ce lundi, un homme est passé à l’acte et cette fois c’est à coup de fusil !

ET SI ON PARLAIT (UN PEU) DES MUSULMANS ?




NB : Texte publié dans « Sud Quotidien » du 03 décembre 2019

                 
Il ne se passe guère de jour sans qu’un homme politique ou un média, toutes obédiences et tous courants confondus, ne fustigent les pernicieuses entreprises de ceux qu’ils désignent sous l’infâme néologisme « d’islamistes ». C’est en effet le terme jugé politiquement correct par lequel on nomme les extrémistes musulmans, mais c’est un choix contestable parce que dans « islamistes » il y a « Islam » et comme il n’existe pas de terme correspondant pour définir les « bons » musulmans, cette confusion est souvent l’occasion de mettre tous les musulmans dans le même sac et d’offrir une tribune à tous ceux qui veulent les dénigrer, comme les mouvements dits « Ex-muslims » animés par des hommes et des femmes qui ont renié leur foi musulmane.

Par ailleurs, si « islamistes » désigne les « mauvais » musulmans, il faudrait alors inclure sous cette appellation tous ceux qui refusent l’invite à faire de l’Islam « une religion du juste milieu », et parmi ceux-ci les maîtres coraniques qui torturent leurs élèves ou les « marabouts » qui subornent leurs disciples et les conduisent non vers la lumière, mais vers l’obscurantisme et l’asservissement… Quoiqu’il en soit, le succès de l’expression « islamiste » qui désigne au mieux quelques milliers de femmes et surtout d’hommes, a fini par faire oublier qu’il existe un milliard d’hommes et de femmes qui se prévalent d’appartenir à l’Islam, qui ne posent pas de bombes, ne sont pas forcément accros de la barbe ou de la burka, et qui dans leur grande majorité, veulent vivre leur foi sans excès ni violence, dans le respect de l’autre, en conformité avec les lois qui les gouvernent et les principes des droits humains. On oublie que ces musulmans « ordinaires « sont en réalité les victimes principales de la folie des « islamistes » et que c’est en milliers de morts que se comptent les pertes humaines que ceux-ci produisent en leur sein. Au nord du Nigéria, et pour la seule année 2014, les attentats de l’un de leurs plus violents mouvements ont fait des centaines de morts à Borno (200 morts), à Jos (118 morts), à Kano (120 morts) etc. Au Pakistan, des attentats « islamistes » ont visé les lieux les plus sacrés : écoles, universités, centres de santé, mosquées, etc. En Somalie, un seul attentat a fait 358 morts et des centaines de blessés ! Enfin ils sont des milliers de musulmans à avoir trouvé la mort dans des attentats « islamistes » en Irak, en Afghanistan, en Egypte, en Indonésie, en Syrie etc.

La chine, seul État a incarcérer un million de personnes !

On oublie surtout que les musulmans ne sont pas victimes des exactions des seuls « islamistes » et que dans de nombreux pays du monde, ils sont ostracisés ou subissent des sévices comme on n’en a jamais connus depuis la deuxième guerre mondiale. Quel pays aujourd’hui oserait aujourd’hui traiter ses minorités comme sont traitées les minorités musulmanes en Chine, en Inde, en Birmanie ou en Israël ? Les démocraties occidentales font soudain semblant de découvrir que les Ouighours, communauté turcophone de confession musulmane qui peuple le Xinjiang, sont l’objet de graves sévices de la part des autorités de Pékin. Il a fallu la publication de centaines de documents internes du Parti communiste chinois par le New York Times, il a fallu que 17 grands journaux du monde fuitent des instructions officielles du gouvernement chinois pour qu’elles s’émeuvent du sort des Ouighours. En Chine un million de personnes appartenant à cette ethnie, soit un dixième de la population totale, sont détenues dans de véritables camps de concentration appelés pudiquement « centres de formation professionnelle », ce qui fait de ce pays le seul au monde où l’on maintient en prison une population aussi importante. Ces prisonniers font l’objet d’une détention « calculée, coercitive et extra-judiciaire » et sont soumis à une vidéosurveillance dans tous les actes de leur vie. Le président Xi Jinping s’est engagé à être « sans pitié » à leur égard, à extirper l’Islam de la Chine, à contrôler toute la population ouighour au point de soulever des résistances au sein même des agents d’exécution de sa politique… L’Inde est aujourd’hui, au XXIe siècle, le seul pays au monde avec Israël à pratiquer l’apartheid et à traiter de citoyens de second ordre une partie de sa population. Le Premier Ministre Narendra Modi a renié les principes fondateurs de la nation indienne, repris à son compte les thèses des nationalistes extrémistes hindouistes qui diabolisent toutes les minorités, jugées non indiennes et les accusent d’être responsables des malheurs du pays. La plus importante de ces minorités est constituée par les musulmans, traités de « termites », soumis à des lynchages et à des campagnes de haine, entre autres sévices. Ils représentent pourtant une population de 172 millions de personnes, ce qui en fait la troisième communauté musulmane du monde. Leur ostracisation s’est traduite récemment par la déchéance de la nationalité indienne de 2 millions de musulmans de l’Assam, condamnés à devenir des apatrides ou à la déportation, et par l’autorisation, accordée par la Cour Suprême et approuvée par le Premier Ministre, de reconstruire un temple hindou sur le site où la destruction d’une mosquée avait fait 2000 morts en 1992 !

Un prix Nobel accuse de crime contre l’humanité !

Quant à la minorité musulmane de Birmanie, elle est considérée par les Nations-Unies comme « la plus persécutée du monde ». Le gouvernement dénie la citoyenneté birmane aux Rohingyas qui sont pourtant présents sur le territoire depuis le VIIe siècle. Il interdit même qu’on les appelle autrement que « Bengalis » pour affirmer leur origine étrangère, au point que le pape François, en visite dans le pays, s’est abstenu de prononcer le terme Rohingyas. Les autorités birmanes appuyées par une campagne de haine menée par internet, ont contraint à l’exil près de 700.000 personnes, au moyen d’opérations de répression menées par l’armée. Elles ont, toujours selon les Nations-Unies, renforcé leur « intention génocidaire » contre celles qui demeurent encore sur le territoire birman, au point que des voix s’élèvent pour exiger que ses responsables soient traduits devant la Cour Pénale Internationale. Parmi eux, le chef de gouvernement de facto, Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix ! On pourrait poursuivre cette énumération et citer le sort fait par le gouvernement Netanyahou aux Palestiniens de toutes confessions, en Cisjordanie où ils sont sous occupation militaire, en Israël où ils sont victimes d’un véritable apartheid. On pourrait citer les mesures discriminatoires prises par Donald Trump qui interdit l’accès du territoire américain aux ressortissants de plusieurs pays parce qu’il s’agit de pays musulmans.

On pourrait souligner qu’aujourd’hui en France et dans bien d’autres pays européens, un musulman risque sa vie s’il prononce la formule « Allaahu Akbar », assimilée désormais à un appel au meurtre, alors qu’elle signifie « Dieu est grand » et que c’est elle qui ouvre toutes les prières de tous les membres de la Umma islamique… On ne peut pas exclure l’idée que ce sont toutes ces injustices accumulées, toutes ces violences non sanctionnées, ces sources de frustration du monde musulman qui sont le fait de gouvernements membres des Nations-Unies, qui poussent quelques illuminés à recourir à des actes de barbarie contre ceux qui à leurs yeux en sont les responsables ou les complices. Malheureusement leur solution n’est pas la bonne et par leurs actes ils s’excluent en fait d’une communauté dont le Livre Saint proclame que l’être humain est chose sacrée et que « celui qui a tué un innocent est considéré comme avoir tué tous les hommes ! » (Coran V, 32).