Le
match Brésil-Allemagne parait dérisoire face à celui qui se déroule devant l’opinion internationale, toujours impuissante
quand il s’agit de l’Etat juif. C’est un match tragique : on n’y marque
pas de buts, on verse du sang, on tue des hommes, de préférence des civils, et
à ce jeu là, Israël est toujours gagnant. Au dernier score, il a fait plus de
160 morts au sein de la population gazaouie, et ce n’est pas fini puisque selon
le ministre israélien des affaires étrangères, on n’est qu’au début du
processus !
Depuis
cinquante ans, l’Etat d’Israël se permet des gestes et des actes qu’on ne
tolérerait pour aucune nation, et d’abord celui d’annexer un territoire conquis
militairement, de s’emparer de ses terres, d’y installer des colons, de
confisquer le produit du travail de ses habitants. Depuis qu’il est membre des Nations-Unies,
Israël est le pays qui a le plus souvent bafoué les résolutions de son Assemblée
Générale, et c’est aussi le pays qui a renié le plus fréquemment les
engagements internationaux auxquels il avait souscrits ! C’est le seul
gouvernement qui pratique l’assassinat ciblé de ses adversaires, au pas de leur
porte, voire d’un lieu de prière, comme ce fut le cas de Cheikh Yassin, ou à l’étranger…
Toujours sans conséquence, car l’Occident est d’une coupable tolérance à
l’égard de cet Etat…
Punition collective
La
stratégie d’Israël repose sur deux principes, tous deux condamnés par toutes
les conventions internationales : la riposte disproportionnée et la
punition collective. Rappelons l’origine du conflit qui, depuis quelques jours,
l’oppose au Hamas. Trois jeunes israéliens sont enlevés et tués, ce qui est une
monstruosité impardonnable. Israël met alors en branle la riposte
traditionnelle. Pour lui, tout acte criminel commis contre ses citoyens n’est
jamais l’acte d’un désespéré ou d’un groupe de révoltés. C’est le peuple
palestinien, hommes femmes et enfants, qui est le comploteur général et c’est
lui qu’il faut punir. En conséquence, plus de six cents personnes sont,
préventivement, arrêtées, les maisons des familles des personnes suspectées
sont rasées, la répression fait des morts avant même que la culpabilité des
accusés ne soit établie ! Si les suspects sont châtiés, les victimes sont
honorées et bénéficient d’obsèques solennelles, paisibles et nationales, comme il
convient à un deuil de cette nature.
Mais
ce qui, déjà, n’était pas convenable, c’est le déchainement de violence verbale
qui a accompagné ce drame et qui est porté d’abord par les plus hautes
autorités politiques de l’Etat. Les menaces ne sont pas seulement dirigées
contre les populations des territoires occupés, mais contre tous les Arabes, y
compris les arabes israéliens, car il en existe. Le résultat ne se fait pas
attendre : un jeune palestinien est enlevé, torturé et brûlé par une
escouade d’israéliens en signe de représailles. Le crime est encore plus odieux
que celui que l’on veut venger puisqu’il se fait en pleine ville et non sur des
chemins perdus et qu’il est le fait d’hommes qui vivent dans un Etat dont les
institutions fonctionnent et qui a, déjà, usé de ses forces militaires pour
imposer sa loi. Que croyez-vous qu’il arriva ? Que les parents de la
victime palestinienne bénéficieraient, eux aussi, de la commisération et de la
protection du pouvoir public pour célébrer leur deuil ? Que les maisons
familiales des coupables seraient détruites ? Rien de tout cela n’a été
fait : la police a chargé le cortège funéraire, et si les israéliens
auteurs du crime sont interpellés, ils seront jugés à titre personnel, seuls
responsables du forfait, et leur sanction sera sans excès et peut-être même
purement symbolique.
Une guerre indigne
Alors
pour noyer médiatiquement cette tragédie, pour qu’on ne parle pas de ce deux
poids deux mesures, pour aussi répondre aux attentes d’une partie de son
opinion qui jugeait trop molle sa réaction face aux Palestiniens, Ie
gouvernement Netanyahou décide d’entreprendre une opération de grande envergure
contre son punching-ball favori :
Gaza. Comme d’habitude et suivant ses prédécesseurs, il donne à cette opération
un nom de code à la mesure du débarquement des alliés sur les plages normandes :
Raisins de la Colère (1996), Plomb Durci (2009), Piler de Défense (2012) et maintenant Haie de Protection ! On a l’impression qu’Israël affronte
l’empire Moghol, alors que Gaza est une bande de 360 km2, peuplée de
1,5 millions d’habitants, parmi les plus démunis du monde puisque la plupart
sont des réfugiés, et que 60% de sa population a moins de 18 ans ! En
quelques jours l’aviation israélienne a effectué des centaines de bombardements
sur cette petite enclave cernée de toutes parts par son adversaire, a détruit
des dizaines d’habitations, a tué plus de cent cinquante personnes, des civils essentiellement,
des femmes et des enfants souvent. Il ne pouvait en être autrement puisque la
bande est l’un des territoires les plus densément peuplés du monde… La riposte
est bien sûr sans commune mesure avec l’affront : les roquettes du Hamas plus
ingénieuses qu’efficaces, sont si peu précises que les habitants du sud
israélien vont au spectacle, assister, à partir d’un promontoire bien choisi,
au déluge de feu qui s’abat sur Gaza et
à l’interception des engins qui en viennent.
La
guerre menée à Gaza n’est pas faite contre une armée, elle est lancée contre un
peuple, contre des familles qui reçoivent, au téléphone, l’ordre d’abandonner
leur maison en quatre minutes, et qui, pour peu qu’elles hésitent ou trainent
se retrouvent ensevelies sous les débris. Ce n’est pas seulement une guerre
cruelle et injuste, elle est indigne de notre siècle. « Où est la solidarité islamique ? »,
crie désespérée une habitante de Gaza. Non, madame, il faut crier : « Où donc est l’Humanité ? ». La
Palestine est oubliée par la « communauté internationale » qui
préfère exprimer sa compassion à
l’Ukraine et condamner Poutine. Alors Netanyahou peut lancer ses troupes au sol
et, avec un peu d’effort, il battra le record de Palestiniens tués en
2012 !
Dire
que cette violence, que Mahmoud Abbas a appelé génocide, vient d’un peuple qui
invoque à l’envi les moments de souffrance et d’injustice qui l’ont conduit à
se chercher une terre !
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