Je suis historien et géographe de formation. J'ai été enseignant-formateur à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Dakar, puis en charge de différentes structures et directions administratives. A la retraite depuis plusieurs années, je profite de ma liberté recouvrée pour assouvir une vieille passion : écrire. Ces dernières années, j’ai publié deux romans («Mon villages au temps des blancs » en 2000 et «La Raparille» en 2010) ainsi que trois essais (« A mes chers parents gaulois » en 2007 ; "Wade Mecum ou le wadisme en 15 mots" en 2010; "Le temps des choses jamais vues : chronique des années Wade-Sarkozy", 2013). Je publie régulièrement des chroniques dans divers journaux sénégalais (en particulier « Nouvel Horizon » et "Sud Quotidien").

lundi 16 décembre 2019

ARROGANT COMME UN PRESIDENT FRANÇAIS EN AFRIQUE !



NB : Texte publié dans « Sud Quotidien » du 16 décembre 2019

« Arrogant comme un Français en Afrique », c’est le titre d’un essai du journaliste Antoine Glaser, mais quand ce Français est Président de la République, l’arrogance est sans limites et les premières victimes sont les présidents de ce qu’on appelait le pré carré français.
Sans remonter au Général de Gaulle, qui ne s’adressait aux présidents africains que par Jacques Foccart interposé et qui traitait Bokassa de « soudard », on a tous en mémoire les écarts de ponctualité dont ont fait preuve ses successeurs lors de leurs rencontres avec leurs homologues africains. Si Thomas Sankara avait rué sur les brancards face à Mitterrand, il n’en a pas été de même pour Joseph Kabila que nous avons tous vu faisant le pied de grue, flanqué de l’ex Président Abdou Diouf, et attendant stoïquement que François Hollande veuille bien descendre pour ouvrir le XIVe sommet de l’OIF qui se tenait à Kinshasa.
Personne, bien sûr, n’a oublié le discours prononcé en juillet 2007 par Nicolas Sarkozy devant tout le gotha politique et universitaire sénégalais et dans l’amphithéâtre d’une université qui porte le nom de Cheikh Anta Diop. On attendait un geste de repentance, comme les Belges en ont eu sur le Congo ou le Congrès américain sur l’esclavage et la discrimination raciale, on a eu droit à des propos outrageants, qui n’ont jamais été suivis d’excuses, et selon lesquels l’homme africain était non seulement responsable de ses malheurs mais avait en outre l’imprescriptible faiblesse de n’être pas « assez entré dans l’Histoire ». On croyait qu’après le tollé soulevé par ce discours, son auteur allait désormais se passer de nous faire la leçon, mais c’était oublier que Sarkozy n’était pas seulement arrogant, mais qu’il était aussi un récidiviste impénitent. C’est ainsi qu’il y a quelques semaines, au cours d’un colloque tenu à Rabat et où sa présence ne pouvait être justifiée que par ses accointances avec les plus hautes autorités marocaines, il s’est une nouvelle fois autorisé à s’ériger en maître d’école en invitant les Africains à faire moins d’enfants. Pour cette fois au moins il s’est trouvé une voix pour le remettre, courtoisement, à sa place et, pour notre plus grand plaisir, cette voix était celle de la présidente du CESE (conseil économique, social et environnemental) du Sénégal.
Dommage tout de même qu’une autre voix, moins tenue par le langage diplomatique, n’ait invité l’ancien président français à s’expliquer plutôt sur les accusations de corruption portées contre lui dans l’affaire dite « des billets et des bombes » qui le lie à l’ancien guide libyen, Kadhafi…
On ne doit donc pas être surpris si le jeune jupitérien de quarante ans qui préside aujourd’hui aux destinées de la France et que ses compatriotes eux-mêmes jugent arrogant, s’inscrit sur les pas de Nicolas Sarkozy. Avec cette différence que contrairement à ce dernier, il a lui, lu La Fontaine et voilà ce que cela donne :
« Jupiter dit un jour
Que tous les chefs d’État du G5,
S’en viennent comparaitre aux pieds de ma grandeur ! »
Emmanuel Macron ne se contente donc pas de distribuer des leçons, il donne des ordres, que dis- je : il tonne, il menace, comme jadis de Gaulle menaçait de priver d’air pur les Africains qui voteraient pour l’indépendance. S’il parle ce n’est pas pour expliquer la partition de fait du Mali et le statut infamant de Kidal, imposé par la France, c’est pour remettre en cause, unilatéralement, « le cadre et les conditions de l’intervention française » au Sahel !
Pour donner plus d’écho à sa voix, il choisit un lieu, un moment, une tribune, il choisit Londres et la commémoration des 70 ans de l’OTAN pour lancer sa fatwa urbi et orbi. On croyait pourtant, naïvement, que c’était l’occasion idéale pour interpeller ceux de ses collègues qui trainent les pieds pour aller soutenir les forces françaises au Sahel, alors qu’ils sont responsables de la crise qui a fait sauter le verrou libyen et déversé armes et combattants dans les pays sub-sahariens. Que nenni ! Macron ne s’adresse nullement à ses homologues de l’OTAN, mais bien aux chefs des pays victimes de cette invasion, et il n’attend pas d’être en Afrique pour le faire. Avec eux il n’a pas besoin de prendre des gants et les termes qu’il emploie ne sont pas ceux qu’il aurait employés face aux dirigeants chinois car avec Xi Jinping les divergences sont débattues en aparté et loin des oreilles indiscrètes.
Il est fâché, Macron, et il faut que les présidents africains le sachent : la perte de 150 soldats maliens en un mois, soit 1% des effectifs de l’armée, c’est un risque inhérent à la guerre, mais la mort, accidentelle, de 13 soldats français, ça c’est inadmissible à ses yeux !
Son ton est donc ferme, comminatoire : « Je veux des réponses claires et assumées ! ».
Le délai de réponse qu’il fixe aux cinq présidents africains est précisé : il est à « court terme ! ».
L’ordre est formel : il arrête d’autorité la date et le lieu de ce Canossa auquel ils sont convoqués :
« Ce sera le 16 décembre, un point c’est tout ! Dès que j’en aurai fini avec ces satanés syndicalistes, ce sera à votre tour de m’entendre et vous n’avez qu’à remanier vos calendriers ! Mais ce ne sera ni à Versailles ni à Nice, ce sera à Pau, la ville de mon ami Bayroux. Cherchez sur la carte, ce n’est point sur votre trajet habituel… Et ne venez pas avec vos boubous, il y fait 5° ».  
Le président français a déjà circonscrit ceux qui devront lui rendre compte : ce ne sont ni Salif Keita ni les porte-parole de la société civile qu’il prend pour de la roupie de sansonnet, ce sont « les responsables politiques », à commencer par les chefs d’État eux-mêmes. Il ne se contentera pas de vœux pieux, il attend qu’ils « formalisent leur demande » d’aide à l’égard de la France. Il dessine le service après-vente et comme il n’a pas confiance, il exige, qu’après avoir rempli cette formalité, ils « l’affirment clairement devant leur opinion publique ».
Enfin il menace et annonce les mesures de rétorsion : si les présidents ne se soumettent pas, ils peuvent dire adieu à Barkhane !
Emmanuel Macron n’a certainement pas lu Bakary Diallo et sa (supposée) œuvre au titre prédestiné, « Force-Bonté », mais par un curieux hasard et à plus de 90 ans d’intervalle, il voit son pays dans la même situation que la Dame qui dans ce livre partage son pain avec les oiseaux. La France c’est cette Dame généreuse et protectrice, les oiseaux, ce sont les Maliens et autres Africains qui lui doivent reconnaissance de l’aide qu’elle leur fournit et obéissance à ses ordres.
Un Ghanéen, un Nigérian s’étoufferaient d’indignation face à ce discours. Les mots du président français, son comportement, sa manière de faire avec ses collègues africains, sont en effet inconcevables dans les relations entre un Premier Ministre britannique et les présidents des anciennes colonies anglaises d’Afrique.
Mais à qui la faute ?
A nous !
Un proverbe africain dit que nous ne devons éprouver aucune honte lorsque notre hôte nous sert un repas dans une écuelle pour chiens.
Ce qui serait honteux c’est de manger ce plat !
Il y a pourtant un signe d’espoir : même si la partie française veut faire croire que l’initiative vient encore d’elle, c’est bien parce que trop c’est trop et surtout parce que ses invités ont été chahutés par leurs peuples et sommés de ne pas déférer à la convocation, que la séance d’explication a été renvoyée à l’année prochaine.
Espérons que ce ne soit que le début d’une révolte qui se fait attendre depuis soixante ans !
NB : Les mots en italique sont extraits des propos du président français.

LE KWASSA-KWASSA PECHE PEU, IL AMENE DU COMORIEN !




Texte publié dans Sud-Quotidien du 29 octobre 2019

                 
Cette phrase est d’abord une parfaite illustration de ce que les chefs d’Etat occidentaux disent dans le dos des nôtres… quand contrairement à Donald Trump, ils cultivent le politiquement correct. Mais si je la cite c’est surtout parce que celui qui l’a prononcée, et qui ne s’en est jamais excusé, le président Emmanuel Macron, a commis ce jour-là non pas une bavure langagière, mais une vraie faute et sur un sujet très grave.

Le Comorien n’est pas une espèce pélagique parmi d’autres, mais un homme ou une femme doués de raison. Les kwassa-kwassa, ces embarcations de fortune utilisées par les passeurs clandestins, n’amènent pas toujours du Comorien, elles laissent quelquefois des cadavres sur leur passage et on n’en comptait 12000 au moment où Macron faisait rire à leurs dépens. Enfin, jusqu’en 1976, jusqu’au moment où la France a imposé un référendum réservé à la seule île de Mayotte pour la pousser à choisir son rattachement à l’ancienne métropole plutôt que son maintien dans un territoire dont elle avait longtemps abrité le chef-lieu, les Mahorais n’étaient eux-mêmes que des Comoriens comme les autres, une composante du peuple comorien dont ils partagent la langue et la culture !

Mayotte c’est ce quoi nous avons échappé nous Sénégalais, lorsque Mamadou Dia a décidé le transfert de la capitale du Sénégal à Dakar, avant que la même offre, sécessionniste mais tentante, ne soit faite aux Lébous de la presqu’ile du Cap Vert…

Si aujourd’hui le président français fait un petit saut à Mayotte c’est que Marine Le Pen l’y avait battu au premier tour des élections présidentielles de 2017 et rassemblé plus de 42% de voix au second tour et que la reconquête des terres acquises à l’extrême droite est une de ses obsessions. Mayotte est par ailleurs la terre idéale pour imprimer sur les mémoires les affres de la « submersion migratoire » et du « remplacement » qu’il ne caresse certes pas mais que de mauvais et populaires prophètes promettent à la France.

« La stigmatisation des migrants et celle des musulmans c’est pas républicain, mais ça amène des voix ! », pourrait-on dire, en paraphrasant la mauvaise blague citée plus haut. Elle est devenue en effet pour toute la droite « classique » et l’extrême droite françaises le meilleur atout gagner les voix des couches populaires. Emmanuel Macron reprend à sa manière les paroles de Michel Rocard mais en réalité il est bien plus proche des positions de Marine Le Pen que de celles de l’ancien Premier Ministre socialiste. Il a même emprunté et recyclé une vieille théorie de la présidente du RN en opposant « les bourgeois qui ne croient pas à l’immigration » aux plus pauvres « qui en sont le réceptacle » et qu’il prétend vouloir protéger. Pour ne pas se couper de cet électorat, il est prêt à envisager une réforme d’un des vieux acquis des migrants les plus démunis : l’aide médicale gratuite qui leur était accordée.

Malgré son passé de puissance coloniale, malgré l’usage qu’elle a fait de la main d’œuvre bon marché importée de ses anciennes possessions, la France est aujourd’hui, au sein de l’Union Européenne, l’un des pays les plus hostiles à l’entrée et à l’assimilation de migrants sur son territoire.

En 2017 elle était, par rapport à sa population, au 12e rang en matière d’accueil des immigrés. Pour ce qui concerne les demandes d’asile et en chiffres absolus, elle a reçu 5 fois moins d’étrangers que l’Allemagne, et moins du double que ceux qui ont été accueillis par la Suède, pays six fois moins peuplé qu’elle et périphérique par rapport aux flux d’entrée des migrants. Elle est enfin au 21e rang en matière de titres de séjour délivrés à des non Européens, en octroie même 5 fois moins que le Royaume-Uni. Dernière différence, très significative : si en Allemagne le migrant est considéré comme un futur citoyen, en France il reste d’abord un étranger. On peut même dire que la citoyenneté française est plus que jamais aléatoire, du moins si l’on se réfère aux propos d’Eric Zemmour selon lequel le prénom que porte Habsatou Sy, cheffe d’entreprise qui s’était donné un mal fou pour faire oublier ses origines, était une « insulte à la France » et qu’elle aurait dû s’appeler Corinne !

Nous avons tous été tristes d’apprendre qu’en France, au XXIe siècle, un agriculteur et un pisteur-secouriste ont été condamnés ou poursuivis pour « crime de solidarité », pour avoir porté secours à des migrants en détresse.

Mais c’est encore ce qu’on désigne par cet affreux terme fabriqué au mépris de toute grammaticalité, c’est « l’islamophobie » qui est l’arme principale de conquête des voix à droite, peut-être parce qu’il offre aussi l’occasion de régler sournoisement de vieux comptes. Aujourd’hui, en France, les hommes politiques, les journalistes et autres chroniqueurs peuvent absolument tout dire sur l’Islam, publiquement et sans aucune limite, et pour beaucoup de ces oracles il n’y a aucune différence entre musulmans et « islamistes » :

« Je déteste la religion musulmane... Il m’est arrivé de prendre le bus ou un bateau où il y avait quelqu’un avec un voile et je suis descendu ! » avait clamé sans nuances (mais sans dire s’il avait sauté dans la mer !) Yves Thréard, qui n’est autre que le directeur adjoint de la rédaction du plus ancien (près de deux siècles !) et d’un des plus prestigieux quotidiens français.

« Je me fous d’être traitée d’islamophobe ! » renchérit Elisabeth Levy, directrice de la rédaction d’un autre magazine.

D’autres journalistes de moins grande envergure, abondent dans le même sens et usent de terribles références, l’un comparant le voile aux uniformes des SS nazis, un autre traitant « d’islamo-collaborateur » tout musulman qui témoigne publiquement de sa foi. Le Ministre de l’Éducation Nationale en personne a ajouté son grain de sel en prétendant qu’il y avait de petits garçons qui refusaient de donner la main aux petites filles, sous-entendant que c’étaient des graines d’islamistes qui germaient dans les écoles des cités !

Si pour beaucoup de Français le voile, la barbe…et même la Clé USB sont d’évidents signes de radicalisation, c’est surtout le premier objet, le voile qui s’est transformé en hystérie française. « Le voile voile tout », il fait un buzz garanti, il est le principal sujet de débat des chaines d’information continue et les voisins ou partenaires anglo-saxons de la France n’en reviennent pas...

Personne en France n’est prêt à entendre la voix d’Ilhan Omar, américaine d’origine somalienne, membre du Congrès, lorsqu’elle affirme : « Personne d’autre que moi-même ne me met le foulard sur la tête ! »

Personne évidemment ne peut comprendre qu’à la demande de cette élue démocrate, le Congrès soit disposé à modifier son règlement pour autoriser la présence de femmes voilées en son sein, alors que le port d’une coiffure y était interdit depuis 181 ans ! Car en France la laïcité est agressive, intransigeante, même s’il n’y a aucune mention de ce terme dans le texte de la loi de 1905 que ses défenseurs invoquent à l’unisson !

Un homme symbolise en France la stigmatisation des immigrés et des musulmans, continue à jouer les Cassandre apocalyptiques sur les chaines d’information, alors qu’il a été condamné par Cour de Cassation pour « provocation à la haine raciale ». Si Dieudonné a été réduit à la clandestinité après sa condamnation pour propos antisémites, Éric Zemmour continue de valser entre conférences et débats publics, dope les audiences d’une chaine qui profite de l’aide publique, puisqu’elle est sur la TNT, dont l’un des propriétaires est connu pour ses réseaux africains, et comble d’impunité, ses prestations sont mises en valeur par une journaliste d’origine antillaise ancienne membre du CSA !

Emmanuel Macron préfère se consacrer aux sujets qui font consensus, comme le « communautarisme » (qui est souvent en réalité une exclusion), et le débat sur le voile dans l’espace public n’est pas son affaire, dit-il. Ce n’est ni courageux ni responsable de la part du chef suprême de la nation, parce qu’au-delà de ce bout de tissu, ce qui est en cause désormais c’est une tentative d’opposer les Français musulmans aux autres Français.

Certains, comme Éric Zemmour, le disent sans équivoque : les Français de confession musulmane ou d’origine musulmane doivent « choisir entre l’Islam et la France ». M. Macron n’a pas le droit de fermer les yeux lorsque la laïcité est « instrumentalisée pour le compte d’une vision ségrégationniste, raciste, xénophobe, mortifère de la société ». Il a le devoir de mettre le holà lorsqu’un élu use de délation et de persécution et tente de faire exclure de la communauté une femme qui est dans son droit ,parce que c’est ainsi qu’est né le maccarthysme!

En attendant, ce lundi, un homme est passé à l’acte et cette fois c’est à coup de fusil !

ET SI ON PARLAIT (UN PEU) DES MUSULMANS ?




NB : Texte publié dans « Sud Quotidien » du 03 décembre 2019

                 
Il ne se passe guère de jour sans qu’un homme politique ou un média, toutes obédiences et tous courants confondus, ne fustigent les pernicieuses entreprises de ceux qu’ils désignent sous l’infâme néologisme « d’islamistes ». C’est en effet le terme jugé politiquement correct par lequel on nomme les extrémistes musulmans, mais c’est un choix contestable parce que dans « islamistes » il y a « Islam » et comme il n’existe pas de terme correspondant pour définir les « bons » musulmans, cette confusion est souvent l’occasion de mettre tous les musulmans dans le même sac et d’offrir une tribune à tous ceux qui veulent les dénigrer, comme les mouvements dits « Ex-muslims » animés par des hommes et des femmes qui ont renié leur foi musulmane.

Par ailleurs, si « islamistes » désigne les « mauvais » musulmans, il faudrait alors inclure sous cette appellation tous ceux qui refusent l’invite à faire de l’Islam « une religion du juste milieu », et parmi ceux-ci les maîtres coraniques qui torturent leurs élèves ou les « marabouts » qui subornent leurs disciples et les conduisent non vers la lumière, mais vers l’obscurantisme et l’asservissement… Quoiqu’il en soit, le succès de l’expression « islamiste » qui désigne au mieux quelques milliers de femmes et surtout d’hommes, a fini par faire oublier qu’il existe un milliard d’hommes et de femmes qui se prévalent d’appartenir à l’Islam, qui ne posent pas de bombes, ne sont pas forcément accros de la barbe ou de la burka, et qui dans leur grande majorité, veulent vivre leur foi sans excès ni violence, dans le respect de l’autre, en conformité avec les lois qui les gouvernent et les principes des droits humains. On oublie que ces musulmans « ordinaires « sont en réalité les victimes principales de la folie des « islamistes » et que c’est en milliers de morts que se comptent les pertes humaines que ceux-ci produisent en leur sein. Au nord du Nigéria, et pour la seule année 2014, les attentats de l’un de leurs plus violents mouvements ont fait des centaines de morts à Borno (200 morts), à Jos (118 morts), à Kano (120 morts) etc. Au Pakistan, des attentats « islamistes » ont visé les lieux les plus sacrés : écoles, universités, centres de santé, mosquées, etc. En Somalie, un seul attentat a fait 358 morts et des centaines de blessés ! Enfin ils sont des milliers de musulmans à avoir trouvé la mort dans des attentats « islamistes » en Irak, en Afghanistan, en Egypte, en Indonésie, en Syrie etc.

La chine, seul État a incarcérer un million de personnes !

On oublie surtout que les musulmans ne sont pas victimes des exactions des seuls « islamistes » et que dans de nombreux pays du monde, ils sont ostracisés ou subissent des sévices comme on n’en a jamais connus depuis la deuxième guerre mondiale. Quel pays aujourd’hui oserait aujourd’hui traiter ses minorités comme sont traitées les minorités musulmanes en Chine, en Inde, en Birmanie ou en Israël ? Les démocraties occidentales font soudain semblant de découvrir que les Ouighours, communauté turcophone de confession musulmane qui peuple le Xinjiang, sont l’objet de graves sévices de la part des autorités de Pékin. Il a fallu la publication de centaines de documents internes du Parti communiste chinois par le New York Times, il a fallu que 17 grands journaux du monde fuitent des instructions officielles du gouvernement chinois pour qu’elles s’émeuvent du sort des Ouighours. En Chine un million de personnes appartenant à cette ethnie, soit un dixième de la population totale, sont détenues dans de véritables camps de concentration appelés pudiquement « centres de formation professionnelle », ce qui fait de ce pays le seul au monde où l’on maintient en prison une population aussi importante. Ces prisonniers font l’objet d’une détention « calculée, coercitive et extra-judiciaire » et sont soumis à une vidéosurveillance dans tous les actes de leur vie. Le président Xi Jinping s’est engagé à être « sans pitié » à leur égard, à extirper l’Islam de la Chine, à contrôler toute la population ouighour au point de soulever des résistances au sein même des agents d’exécution de sa politique… L’Inde est aujourd’hui, au XXIe siècle, le seul pays au monde avec Israël à pratiquer l’apartheid et à traiter de citoyens de second ordre une partie de sa population. Le Premier Ministre Narendra Modi a renié les principes fondateurs de la nation indienne, repris à son compte les thèses des nationalistes extrémistes hindouistes qui diabolisent toutes les minorités, jugées non indiennes et les accusent d’être responsables des malheurs du pays. La plus importante de ces minorités est constituée par les musulmans, traités de « termites », soumis à des lynchages et à des campagnes de haine, entre autres sévices. Ils représentent pourtant une population de 172 millions de personnes, ce qui en fait la troisième communauté musulmane du monde. Leur ostracisation s’est traduite récemment par la déchéance de la nationalité indienne de 2 millions de musulmans de l’Assam, condamnés à devenir des apatrides ou à la déportation, et par l’autorisation, accordée par la Cour Suprême et approuvée par le Premier Ministre, de reconstruire un temple hindou sur le site où la destruction d’une mosquée avait fait 2000 morts en 1992 !

Un prix Nobel accuse de crime contre l’humanité !

Quant à la minorité musulmane de Birmanie, elle est considérée par les Nations-Unies comme « la plus persécutée du monde ». Le gouvernement dénie la citoyenneté birmane aux Rohingyas qui sont pourtant présents sur le territoire depuis le VIIe siècle. Il interdit même qu’on les appelle autrement que « Bengalis » pour affirmer leur origine étrangère, au point que le pape François, en visite dans le pays, s’est abstenu de prononcer le terme Rohingyas. Les autorités birmanes appuyées par une campagne de haine menée par internet, ont contraint à l’exil près de 700.000 personnes, au moyen d’opérations de répression menées par l’armée. Elles ont, toujours selon les Nations-Unies, renforcé leur « intention génocidaire » contre celles qui demeurent encore sur le territoire birman, au point que des voix s’élèvent pour exiger que ses responsables soient traduits devant la Cour Pénale Internationale. Parmi eux, le chef de gouvernement de facto, Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix ! On pourrait poursuivre cette énumération et citer le sort fait par le gouvernement Netanyahou aux Palestiniens de toutes confessions, en Cisjordanie où ils sont sous occupation militaire, en Israël où ils sont victimes d’un véritable apartheid. On pourrait citer les mesures discriminatoires prises par Donald Trump qui interdit l’accès du territoire américain aux ressortissants de plusieurs pays parce qu’il s’agit de pays musulmans.

On pourrait souligner qu’aujourd’hui en France et dans bien d’autres pays européens, un musulman risque sa vie s’il prononce la formule « Allaahu Akbar », assimilée désormais à un appel au meurtre, alors qu’elle signifie « Dieu est grand » et que c’est elle qui ouvre toutes les prières de tous les membres de la Umma islamique… On ne peut pas exclure l’idée que ce sont toutes ces injustices accumulées, toutes ces violences non sanctionnées, ces sources de frustration du monde musulman qui sont le fait de gouvernements membres des Nations-Unies, qui poussent quelques illuminés à recourir à des actes de barbarie contre ceux qui à leurs yeux en sont les responsables ou les complices. Malheureusement leur solution n’est pas la bonne et par leurs actes ils s’excluent en fait d’une communauté dont le Livre Saint proclame que l’être humain est chose sacrée et que « celui qui a tué un innocent est considéré comme avoir tué tous les hommes ! » (Coran V, 32).

jeudi 4 juillet 2019

AH ! QUEL MALHEUR D’AVOIR UN FRERE !



Publié dans « Sud Quotidien » du 8 juin 2019

Les hommes et les femmes de ma génération, tout au moins ceux et celles qui ont fréquenté l’école coloniale, qui faisait l’impasse sur notre passé mais ne nous épargnait rien sur les coulisses de l’histoire de ce qu’elle appelait la « métropole », ont peut-être gardé en mémoire les déboires de l’un des premiers présidents de la Troisième République française, Jules Grévy, dont le gendre avait été accusé de trafic de décorations (à raison tout de même de l’équivalent de 200 millions de francs CFA pour une Légion d’Honneur !). L’affaire avait fait grand bruit et sous la pression de la rue, des journalistes et de la classe politique, Grévy avait été poussé à la démission, entrainant dans sa chute celle du Président du Conseil qui avait cherché à le protéger. Quant au beau-fils, l’homme par qui le scandale était arrivé et qui était député, son immunité parlementaire avait été levée, il avait été condamné à la prison et à une forte amende… avant d’être acquitté en appel, non parce qu’on l’avait disculpé, mais parce que la cour avait jugé que les décorations qu’il avait fait distribuer étaient authentiques et qu’aucune loi ne condamnait le trafic d’influence. Il sera même rétabli à son poste, sous les huées, et… réélu pour un autre mandat.
Le scandale laissera néanmoins des traces dont la plus prévisible est d’ordre juridique car, comme il fallait s’y attendre, le Parlement adoptera une loi pour que le trafic d’influence ne reste pas impuni. « L’affaire des décorations » alimentera une campagne de dénigrement de la classe politique, fera la joie des chansonniers, inspirera les caricaturistes et les auteurs dramatiques et donnera naissance à un vaudeville dont le titre était censé reprendre le cri de cœur de Grévy : « Ah ! Quel malheur d’avoir un gendre ! ».
Quel malheur, en Afrique, d’avoir des frères, des enfants, une belle sœur… quand on est Président de la République, et d’Alger à Bamako en passant par Tunis, les familles seraient-elles devenues le talon d’Achille de nos chefs d’Etat ? Toutes les affaires de dévolution de privilèges qui occupent nos médias nous donnent l’occasion de souligner que la vraie force des démocraties qui ont inspiré nos constitutions et dont nous avons du mal à respecter les règles, ce n’est pas que leurs hommes politiques sont plus honnêtes que les nôtres, c’est plutôt que dans ces pays, la loi s’applique à tous les citoyens avec la même rigueur et surtout que chaque élu est tenu d’assumer personnellement ses responsabilités. Dans nos républiques, les politiques répugnent à pratiquer un exercice quelquefois douloureux mais qui souvent les grandit : la démission. Pourtant celle-ci est le moyen idéal pour limiter les dégâts et placer les intérêts de la nation au-dessus de ceux d’un individu. On peut à titre d’exemple, rappeler que la démission du président Nixon a finalement fait l’économie d’un déballage qui n’aurait pas grandi la démocratie américaine et a préservé la cohésion nationale. La démission peut être aussi pour celui qui est suspecté de crime, l’occasion de donner la preuve qu’il est prêt à affronter la justice à armes égales avec ses accusateurs, et ce fut la position qu’avait prise Bernard Tapie, qui n’est pourtant pas un modèle de probité, lorsqu’en 1992, alors qu’il était ministre, il avait été suspecté de recel et d’abus de bien sociaux.
Je ne parle évidemment pas des démissions pour convenance personnelle ou pour désaccord politique.
Dans notre histoire récente, un seul homme politique, Mamadou Seck, avait pris le risque de se démettre de ses fonctions ministérielles et de ne revenir au gouvernement qu’une fois levés tous les soupçons qui pouvaient ternir sa réputation.
La femme de César ne doit pas être soupçonnée !
Je laisse à d’autres le soin de débattre du fond de l’affaire qui éclabousse le maire de Guédiawaye et du niveau des préjudices subis par notre pays, qui nécessitent probablement des investigations plus sérieuses que les spéculations auxquelles se livrent certains allumeurs de feu. Mais, même en tenant compte du sacro-saint principe selon lequel tout suspect est présumé innocent tant qu’il n’est pas condamné, on peut faire un double constat qui au fond traduit d’abord le manque d’expérience et de références historiques de notre personnel politique.
Le premier est qu’il en est d’un frère du Président de la République comme il en était de la femme de César : il ne doit pas seulement être honnête, il doit aussi en avoir l’apparence. Lorsqu’il y a un doute et que l’accusation est portée non par quelque feuille de chou anodine, mais par une institution quasi centenaire, dont l’indépendance et le prestige sont incontestés, dont le budget représente plus de la moitié de celui du Sénégal, et lorsqu’on est un élu et qu’on est censé devoir ses fonctions à la confiance de ses concitoyens, la moindre des choses c’est de se libérer de tous les parapluies sous lesquels on s’était abrité pour se mettre à la disposition de la loi. On y gagne à deux fois puisqu’on épargne par la même occasion celui vers lequel sont dirigés les coups les plus forts.
La deuxième observation qui découle de l’immaturité de nos politiques, c’est que dans le cas qui nous concerne ici, nos dirigeants, ignorant la leçon de leurs homologues français qui s’étaient évertués à prendre leurs distances vis-à-vis d’Alexandre Benalla (qui il est vrai n’était pas le frère du Président) se sont livrés à un véritable exercice d’autoflagellation et imprudemment transformé un fait divers en affaire politique. Alors que  l’opinion avait retenu de l’affaire, du moins telle qu’elle avait été présentée par la presse, comme une affaire privée, impliquant principalement un homme politique, un affairiste dont la réputation était déjà passablement sulfureuse, voilà que le gouvernement sonne le branlebas, convoque son ban et son arrière ban, mobilise ses ministres (et parmi eux le ministre de la justice !) pour nous rappeler que cet homme était d’abord le frère du Président de la République et que sa défense était une affaire d’Etat.
Voilà ce qui s’appelle tendre à ses ennemis un bâton pour se faire battre !

jeudi 30 mai 2019

LES DIX MILLE MENSONGES DE M. TRUMP



NB : Texte publié dans « Sud-Quotidien » du 27 mai 2019

Au 30 avril 2019, après 828 jours passés à la Maison Blanche, Donald Trump, président des Etats-Unis d’Amérique, 72 ans, milliardaire, sain de corps (pour l’esprit, certains, dont apparemment Mme Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des Représentants, émettent des doutes), a proféré très exactement 10.111 mensonges. Il n’a cessé d’améliorer ses performances, passant d’une moyenne de 6 mensonges quotidiens au début de son mandat, à 22 par jour dans les premiers mois de 2019, dimanche et jours fériés compris. Son pays qui pouvait se vanter d’être la première puissance industrielle, commerciale, scientifique, culturelle et militaire du monde peut désormais ajouter un autre titre à son palmarès : celui d’avoir le président le plus menteur de la planète et sans doute de l’histoire. Le Washington Post a décerné à Donald Trump le brevet de Menteur en Chef !
C’est peut-être une obsession chez moi, mais j’ai toujours du mal à comprendre pourquoi cette chimère qu’on appelle « Communauté internationale » et qui se réduit en réalité à une dizaine de nations, est si peu prompte à réprimer les erreurs et bavures commises dans les pays du Nord, alors qu’elle sanctionne très sévèrement celles dont les auteurs sont au Sud. Aucun chef d’Etat d’Europe ou d’Amérique du Nord n’accepterait de signer un traité, d’entretenir une amitié sincère avec un président africain qui renie tous les engagements souscrits par son pays, au mépris du droit international, sur la base d’arguments cousus de fil blanc et que la science, la logique, le bon sens réfutent. Pourtant, malgré ses mensonges et ses palinodies, Donald Trump échappe aux critiques de ses pairs et ne fait l’objet d’aucun ostracisme !
Des mensonges calibrés et itératifs !
Ses mensonges ont été propagés par tweets, discours et annonces officielles, dans des meetings et des réceptions, et le recensement cité plus haut ne prend pas en compte ceux qui ont été tenus dans l’intimité de sa chambre à coucher ou au téléphone avec ses enfants ou ses collaborateurs privés tenus au secret. Ils ne résultent pas d’une estimation grossière, approximative, comme celle que l’on fait à vue de nez pour évaluer la richesse d’un gisement de pétrole. Ils ne sont pas le fruit des élucubrations d’amuseurs publics, de chansonniers ou d’humoristes, de journaux spécialisés dans la caricature ou l’outrance. Ils ont été répertoriés, enregistrés, classés par des experts en fake-news appartenant à des médias sérieux et fiables qui disposent de moyens d’investigation conséquents. L’une de leurs sources est le New-York Times, sans doute le quotidien le plus influent et le plus prestigieux du monde, qui a investi plusieurs millions de dollars pour se doter d’une antenne créée ex nihilo à Washington et consacrée exclusivement à l’écoute des propos du président. Son rival, le Washington Post, qui est pour ainsi dire dans la fosse au lion, tient une véritable base de données des mensonges et affirmations inexactes du locataire de la Maison Blanche, classés selon leur gravité et selon les sujets abordés. Les  examens cliniques établis par ces journaux et par d’autres observateurs nous enseignent que ces mensonges sont « calibrés », avec un pic en période électorale et une moindre fréquence en période de mer calme. Ils sont souvent itératifs et comportent de nombreux « doublons ». Ainsi et à titre d’exemples, Trump a répété 160 fois que la construction d’un mûr entre les Etats-Unis et le Mexique avait déjà commencé, ce qui reste faux, et 143 fois qu’il était à l’origine de la plus grande réduction d’impôts de l’histoire de son pays, ce qui est également inexact ! Il lui est même arrivé de remplacer un mensonge par un autre mensonge, et c’est ainsi qu’après avoir prétendu, il y a quelques années, que son père était d’origine suédoise - (reprenant tout simplement une contrevérité que ce dernier avait lui-même propagée à une époque où l’Allemagne était montrée du doigt, ce qui prouve que bon sang ne saurait mentir !) - il a affirmé récemment, avec la même assurance et la même mauvaise foi, que son père était Allemand, né en Allemagne dans « un endroit (!) formidable ».
« Formidable » comme « énorme » ou « extraordinaire », font partie du champ lexical de Donald Trump qui est d’une affreuse pauvreté !
On aurait pu traiter tous ces mensonges à la légère, malgré le statut de leur auteur, s’ils n’étaient que le résultat de son ignorance. Après tout, « L’Amérique d’abord ! », c’est surtout « L’Amérique seulement ! », et dans le parti de M. Trump beaucoup se vantent de n’être jamais sortis des Etats-Unis, de ne rien connaitre du reste du monde ni de tout ce qui n’est pas leur spécialité. Ronald Reagan ne savait pas très bien où se trouvait la Jamaïque et il n’est donc pas étonnant que Donald Trump ne sache rien de l’Afrique. Lorsqu’il affirme que les sons des éoliennes  provoquent le cancer, il ment, mais il est sans doute de bonne foi.
On peut aussi se contenter de sourire des mensonges qu’il commet par fatuité, car il reste fondamentalement un fanfaron. Comme lorsqu’il prétend qu’il est le premier président américain à avoir relevé la solde des GI qui servent en Irak, alors que celle-ci est réévalué systématiquement chaque année. Comme lorsqu’il estimait sa fortune à plus de 8 milliards de dollars, alors que Forbes jugeait qu’il n’avait que la moitié de ce pactole, ce qui était déjà impressionnant. Non seulement il commettait un mensonge, mais il allait à l’encontre des habitudes des hommes d’affaires qui ont plutôt tendance à sous-évaluer leur patrimoine, pour limiter les frais d’impôts par exemple.
Toutes ces affabulations sont rémissibles car, comme le dit un proverbe de chez nous, « si le mensonge fait le déjeuner, il ne fera pas le dîner », et ceux que commet M. Trump par vantardise ou par bêtise ne feront jamais long feu.
Une parole démonétisée !
D’autres mensonges pourraient, hélas, avoir des conséquences tragiques. Les guerres naissent souvent de malentendus ou de travestissements de la vérité et les blagues de Donald Trump, qui ne se fie qu’à son intuition et ne fait pas confiance à ses services de renseignements qui sont pourtant les meilleurs du monde, pourraient devenir des erreurs tragiques. Il s’était déjà fait remarquer, il n’y a pas longtemps, en prétendant, à tort, que DAESH était anéanti et qu’on pouvait rappeler toutes les forces qui étaient à sa poursuite, ce qui était pour le moins précipité et dangereux. Avec les tensions qui s’accroissent au Moyen Orient, son alignement irréfléchi sur les positions les plus extrémistes d’Israël, qui rêve d’un embrasement du monde arabe, pourrait l’amener à propager des mensonges qui mettraient tout simplement en cause la paix dans le monde…
En espérant qu’une telle catastrophe ne se réaliserait pas, on peut dire que le mal est déjà fait dans son pays et que le regard que les Américains portent sur le premier d’entre eux en est tout bouleversé. Aux Etats-Unis, la vie publique des élus a toujours été soumise à l’observation des citoyens, il n’y a guère longtemps les Américains avaient contraint à la démission l’ancien président Richard Nixon et le fondement de leur reproche était qu’il leur avait menti. C‘était encore un mensonge qui, quelques années plus tard, avait conduit du Capitole à la Roche Tarpéienne un autre de leurs présidents, Bill Clinton. Les mensonges de Trump ont fait perdre des centaines de milliers de dollars à une entreprise qui avait parié sur son intégrité, ils pourraient le rendre passible de parjure pour complicité avec la Russie. Mais quoiqu’il arrive, il a d’ores et déjà perdu toute crédibilité aux yeux de ses concitoyens et désormais  moins de trois américains sur dix croient à ses déclarations. La réalité c’est qu’avec Trump, la parole même de la première personnalité du pays est affaiblie, c’est que le message présidentiel s’est banalisé. En vérité, dit un observateur, le chef de la plus grande puissance mondiale est devenu un personnage de série de télévision : avec lui, désormais, la légende l’emporte sur la vérité !