Texte publié dans « Sud Quotidien » du 1e
octobre 2015
Des bombes sur un hôpital !
L’armée américaine, qui n’était restée en Afghanistan que pour une mission d’encadrement,
a donc bombardé un hôpital de Médecins Sans Frontières. Bilan : plus de 20
morts, des civils évidemment : des malades et du personnel médical.
Première explication américaine, d’une incroyable bêtise : « ce
n’est pas nous ! », alors que tout le monde sait que l’autre possible
suspect, l’opposition représentée par les Talibans, ne dispose pas d’aviation
pour effectuer une telle opération. Deuxième explication d’un insoutenable cynisme
et qui a été vite démentie par l’hôpital : des rebelles étaient cachés
dans l’établissement !
Ce bombardement a été fait en connaissance de cause puisque l’armée
américaine, dont l’équipement est le plus sophistiqué du monde, avait reçu
communication du GPS de l’hôpital et ne peut donc commettre une erreur aussi
grossière. Selon les Conventions de Genève, il est assimilé à un crime de guerre,
passible de lourdes condamnations. Pourtant aucun pays n’a exigé que les
responsables soient traduits devant une cour appropriée et le monde des « grands
esprits » semble se contenter des plates et tardives excuses du président Obama.
Imaginez ce qu’il en aurait été, l’horreur qui aurait saisi « la
communauté internationale », si l’Iran avait bombardé un hôpital de la
Croix Rouge dans les zones sunnites d’Irak ou de Syrie !
Des fusils contre des pierres !
Depuis quelques jours, des citoyens israéliens sont agressés à l’arme
blanche en Israël ou dans les territoires occupés. Les agresseurs sont dans ces
cas là, soient abattus par la police ou des témoins armés, soient placés en
détention sans jugement. Les personnes suspectées d’être responsables
d’attaques du même genre ont vu leurs maisons familiales rasées ou scellées,
leurs familles jetées dans la rue, sans même que leur culpabilité ait été établie
formellement. Ce traitement n’est réservé qu’aux Arabes puisqu’il y quelques
semaines, des colons juifs extrémistes et dont le mouvement est connu de la police,
ont incendié la maison d’une famille palestinienne, un bébé de dix huit mois a
été brûlé vif et ses parents ne lui ont survécu que quelques jours. Aucune force
israélienne n’est allée raser les demeures des présumés coupables, qui avaient
inscrit « vengeance » sur les murs de la maison incendiée et dont
certains n’en étaient pas à leur premier forfait ! Ce vendredi, l’armée
israélienne a fait usage de ses armes sur des manifestants qui lançaient divers
projectiles contre ses soldats, faisant sept morts palestiniens. En moins de
deux semaines, elle a « exécuté » plus de vingt jeunes gens et
adolescents, car elle est la seule armée au monde à être autorisée à tirer à
balles réelles sur des manifestants armés de pierres. Israël a été, à maintes reprises,
accusé de crimes de guerre, aussi bien par l’ONU que par ses propres soldats,
sans jamais être condamnée solennellement par la justice internationale.
Les crimes de guerre des puissances portent le nom de bavures, et Israël et
les Etats-Unis se refusent à signer ou s’affilier à des conventions ou des
institutions qui comme les protocoles additionnels des conventions de Genève ou
la CPI les empêchent de n’agir qu’à leur guise !
Sus sur la Syrie !
La Syrie n’est en guerre, officiellement, contre aucun pays. Pourtant elle
est bombardée sans mandat de l’ONU, ce qui, en soi, représente une violation
des conventions internationales, et par des pays avec lesquels elle n’a pas de frontières
et n’est pas en conflit et qui ne peuvent donc pas invoquer la légitime défense.
Même la France qui, il y a quelques années, s’était fait acclamer à l’ONU pour
s’être opposée à l’invasion non autorisée de l’Irak, joue aujourd’hui à la
mouche du coche aux côtés des Américains, avec cette conséquence que, pour la
première fois depuis longtemps, l’armée française tue des citoyens français qui
ne sont pas en guerre contre elle. Le vrai paradoxe de ce conflit, et c’est du
jamais vu, c’est que la Syrie subit un double bombardement par deux puissances
opposées dont chacune vient faire son marché et soutient un élément des parties
en conflit.
C’est comme si, il y a quarante ans, la Chine et les Etats-Unis
intervenaient simultanément au Vietnam, l’un bombardant Saigon et l’autre
s’attaquant à Hanoi !
Le rapport qui coutait plus d’un milliard !
Enfin pour clore cette liste non exhaustive des injustices commises de par
le monde, abordons un sujet bien plus léger et qui lui au moins ne fait pas
(encore) de morts.
La commission d’éthique de la FIFA a donc décidé de suspendre Blatter, mais
aussi Platini dont il avait été longtemps le mentor et l’ami. Pour les
autorités sportives et politiques françaises, la suspension de Platini est un scandale :
il n’est pas présumé innocent, il est déclaré innocent avant même la fin de
l’instruction de l’affaire. Ses amis condamnent au contraire la commission d’éthique,
truffée, affirment-ils, de pro-Blatter, glosent sur le président intérimaire (un
Africain !) dont ils rappellent qu’il avait reçu un blâme du CIO il y a
quelques années, et fustigent les libéralités que le président déchu aurait
accordées aux pays les plus pauvres. Aucun ne s’offusque que Platini, membre du
comité exécutif de la FIFA depuis 13 ans, n’ait jamais rompu avec son ancien
mentor pourtant suspecté de plusieurs dérives au cours de son long mandat, ni
qu’il ait reçu de celui-ci, pour rétribution de travaux de conseil, soldés dix
ans après leur achèvement, l’équivalent d’un milliard deux cents millions CFA.
Même si ce montant ne constitue pas un « préjudice pour la FIFA »,
comme le sous-entend l’acte d’accusation, il est tout de même étrange qu’un
seul conseiller ait reçu, de manière quasi informelle, un salaire d’un montant
aussi élevé, plus que n’avait reçu aucun pays africain pour développer le
football sur ses terres. Apparemment Blatter n’a pas arrosé que des Africains
et le rapport, chèrement payé, qui avait valu l’opprobre à Xavière Tiberi,
épouse de l’ancien maire de Paris, fait pâle figure à côté de celui de Platini.
Ainsi va le monde et Jean de La Fontaine l’avait résumé il y a trois
siècles et demi par une formule : « la raison du plus fort est
toujours la meilleure ! ».
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