Je suis historien et géographe de formation. J'ai été enseignant-formateur à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Dakar, puis en charge de différentes structures et directions administratives. A la retraite depuis plusieurs années, je profite de ma liberté recouvrée pour assouvir une vieille passion : écrire. Ces dernières années, j’ai publié deux romans («Mon villages au temps des blancs » en 2000 et «La Raparille» en 2010) ainsi que trois essais (« A mes chers parents gaulois » en 2007 ; "Wade Mecum ou le wadisme en 15 mots" en 2010; "Le temps des choses jamais vues : chronique des années Wade-Sarkozy", 2013). Je publie régulièrement des chroniques dans divers journaux sénégalais (en particulier « Nouvel Horizon » et "Sud Quotidien").

dimanche 12 février 2012

L'ALTERNANCE OU LA GRANDE ILLUSION : LES PAROLES ET LES ACTES...

Promesse primordiale : Le candidat Wade avait dit « Je ferai la paix en Casamance en 100 jours ! ». Douze ans après son élection, la situation est proprement tragique : près de trente militaires tués au cours de la seule année 2011 et, pour la première fois depuis trente ans, des soldats et des gendarmes retenus en otage par le MFDC. Pire, la crise est banalisée puisque le 23 décembre dernier, jour de l’investiture de Wade à l’élection présidentielle de 2012, la coalition qui le soutient préfère observer une minute de silence à la mémoire d’un militant décédé des suites de l’attaque de la mairie de Mermoz, mais oublie la demi-douzaine de soldats et gendarmes tués au même moment par les rebelles… Au vu des espoirs soulevés, des initiatives improvisées et souvent stériles, des sommes d’argent et des royalties dépensées, des morts de civils et de militaires, de ses effets collatéraux, la crise casamançaise résume à elle seule l’Alternance et représente son plus grave échec. L’appel au secours lancé à Sant’ Egidio, après douze ans de tergiversations, sonne comme un expédient électoral.


Voici que commence l’ère de l’autocratie …


Dès ses premiers jours, il nous avait bercés d’illusions en lançant solennellement : «L’ère de l’exercice solitaire du pouvoir est terminée ; commence la République des citoyens ». Mais on était un 1e avril et, au même moment, il faisait jouer l’hymne de son crû en lieu et place de l’hymne national. En réalité, il fallait entendre : « Aujourd’hui commence l’ère de l’autocratie ». Ni son élan de générosité envers son prédécesseur, auquel il promettait « l’amnistie »( ?), ni son engagement solennel de s’effacer devant le peuple ne survivront à ses premiers émois. Au cours des mois et des années qui suivront, il se proclamera indispensable (« Je ne trouve personne qui soit en mesure de me succéder »), fera jurer fidélité et loyauté à sa personne par l’ensemble de son gouvernement dont le salut romain évoquait de mauvais souvenirs, tentera de glisser son visage en image sublimale sur les bulletins de vote aux élections législatives, de promulguer une répartition des sièges que le Conseil d’Etat refusera, imposera une prolongation du mandat des députés qui videra l’assemblée de son opposition. Il confondra l’Etat et le parti – dont le Palais devient le siège –, empiétera sur les prérogatives des autres pouvoirs, multipliera des faits de prince en dilapidant le trésor public, cachant ainsi au peuple les 17 milliards (ou peut-être plus) consacrés à la réparation de son avion ou les 200 millions octroyés à la famille de Me Sèye pour obtenir son silence. Pour couronner le tout, il installera toute sa famille (neveux compris) dans les affaires et dans le saint des saints de l’Etat, etc.
Nos voisins avaient été les premiers à percevoir ces dérives et à dénoncer son : « hégémonisme », ce qui n’est que la forme internationale de l’autoritarisme domestique. A peine quelques mois après son arrivée au pouvoir, le Sénégal s’était brouillé par ses gaffes avec tous ses voisins. En réclamant des armes à la France, il avait fâché la Gambie qui se retire du processus de paix en Casamance. En remettant sur le tapis le dossier des vallées fossiles, il crispe dangereusement les relations sénégalo-mauritaniennes et fait ressurgir de douloureux souvenirs : 25 000 Sénégalais et 7 500 mauritaniens traversent le fleuve en quelques jours. Il faudra dépêcher Niasse en pompier, et solliciter la médiation marocaine pour éviter le pire. « Je n’ai jamais parlé de vallées fossiles, sauf pour dire qu’il faut les supprimer », dira-t-il pour s’excuser. Premier des multiples « Wax woxeet » qui émailleront ses deux mandats. Plus tard, en clamant devant la presse qu’ « un Burkinabé était plus en sécurité en France qu’en Côte d‘Ivoire », il choquera Abidjan et mettra en danger la vie de milliers d‘émigrés sénégalais. En plaçant le putschiste Dadis Camara sous son aile protectrice, niant même qu’il ait commis un coup d‘Etat, il avait choqué les démocrates et isolé encore plus le Sénégal… La situation n’a pas changé en douze ans : notre pays est toujours en mauvais termes avec ses voisins, et il est bien rare qu’il accueille en visite officielle un président de la sous-région.
Son slogan primordial, le plus percutant, le plus applaudi par la jeunesse, avait été celui-ci : « Que ceux qui n’ont pas de travail lèvent la main ! ». C’est cruel de le rappeler aujourd’hui puisqu’au bout de deux mandats, il use toujours des mêmes ficelles en promettant un million d‘emplois en trois ans. Par quel miracle un président qui n’a pas tenu sa première promesse à 74 ans, quand le trésor public débordait de devises, tiendrait-il celle-ci, à 86 ans, alors que le Sénégal est en miettes et que le monde entier est en crise ? Il a vite renié cette promesse, sans doute a-t-il appris depuis que les Etats-Unis, première puissance mondiale, 300 millions d’habitants, s’estimaient presque heureux d’avoir créé à peine plus de 1 200 000 emplois nouveaux en un an…
Après les incantations, il avait constitué son premier gouvernement : 26 membres, et dans les dix jours qui ont suivi, il l’avait réaménagé à deux reprises, reconnaissant une erreur de casting comme jamais on n’en avait vue au Sénégal. Ce n’était qu’un début : en douze ans, il aura nommé quelque deux cents ministres, porté son cabinet à près de cinquante membres, avec des ministres d’Etat presque aussi nombreux que l’ensemble de son premier gouvernement. Certains de ses ministres, parmi les plus qualifiés, ont été renvoyés au bout de quelques semaines, le record étant détenu par un homme qui ne lui avait rien demandé, qui pouvait se passer de cette promotion et dont la rue dit qu’il avait été nommé vendredi, installé samedi et limogé dimanche. Le temps n’y fera rien : l’instabilité ministérielle est consubstantielle à l’Alternance. Rappels : le 24octobre 2002 : « Je commencerai à penser à un remaniement dans trois ans ! ». Une semaine plus tard, il remanie. Le 6 décembre 2004 : il n’y aura pas de remaniement jusqu’en 2007, et trois mois plus tard, il fera plus en limogeant les ministres membres de la LD, et en confiant un ministère, un vrai, à Farba Senghor ! Pour une fois, il tenait sa promesse car il avait dit un jour : « Je peux nommer ministre qui je veux ! Même Farba Senghor !». Et il l’a fait : d’abord ministrion, l’homme qui courait derrière la voiture présidentielle, à côté des gardes de corps, devient ministre à part entière. Lâché sur la scène internationale, il tire dès lors à boulets rouges sur la plus ancienne et la plus prospère organisation sous-régionale africaine : l’ASECNA, dont il menace d’expulser le directeur. Avec lui, le Sénégal atteint le fond du ridicule. Un autre jour, en peine euphorie pendant un congrès tenu dans un hôtel dakarois, le Président nomme ministre une femme quasi illettrée qui aura la sagesse de décliner le poste pour un autre moins prestigieux mais plus juteux. Pour lui, de toute façon, « les ministres doivent se taire ou se démettre ! ».
A peine installé, il avait donné cet ordre à son ministre chargé de la Communication : il faut suspendre « Le Soleil » et aider la presse privée indépendante, sans doute pour la récompenser d’avoir tant fait pour la transparence des élections. La déconvenue viendra très vite : 2 journalistes de « Pop » sont en garde de vue, un journaliste est interpellé et emprisonné pour un article relatant la colère des policiers contre le ministre de la Justice, une journée sans presse est organisée en signe de protestation contre l’emprisonnement d’un patron de presse. Il accordera bien une subvention à la presse, mais ce n’est pas sans arrière pensée, car c’est à condition qu’elle soit docile. Il n’hésitera pas à menacer de suspendre son aide si la presse ne cessait pas de « l’insulter ». Car elle est devenue à ses yeux une ennemie, le suppôt de l’opposition, et contre elle, il usera de violences : aux Etats-Unis le journaliste Souleymane Jules Diop est agressé et quasiment dépouillé par ses gros bras ; au Sénégal, le journal « L’AS » est saisi, et peu après une marche organisée pour la défense des journalistes, ses locaux sont saccagés par des proches du ministre Farba Senghor. D’autres exactions suivront, puis ce sera le tour des écrivains qui sont interpellés par la police ou dont les œuvres sont interdites d’entrée voire carrément confisquées.
Dès les premiers jours, les promesses avaient coulé à flots. En voici un échantillon : il n’y aura plus de séminaire au Sénégal, le dernier sera « une étude sur les études » ; l’accord avec Sentel sera révoqué ; Habré ne restera pas au Sénégal. Douze ans sont passés : le gouvernement « séminarise » comme jamais, Sentel va bien merci et Habré dort toujours à Ouakam !
Le tissu industriel connait ses premiers déboires. Le conseil d’administration des ICS désavoue le Président de la République et maintient P.B. Kama au poste de directeur général, le Sénégal menace d’aller en justice. C’est le début d’une descente aux enfers du fleuron de l’industrie sénégalaise. En quelques années, l’entreprise ne tourne plus qu’à 18% de sa capacité et accumule 200 milliards de dettes. Les petites et moyennes entreprises qui prospéraient sous son ombre sont en débandade.
N’y a-t-il donc rien qui progresse, qui augmente ? Si : interrogez les ménagères et toutes vous diront que les prix de tous les produits de base ont explosé depuis douze ans, comme l’a révélé « la foire aux problèmes » organisée par « Y’ en a Marre ». On est loin du temps où Wade promettait de rendre le prix du riz quasi insignifiant. D’autres augmentations sont plus anecdotiques. Par exemple le budget de la Présidence : 4 milliards en 2000, 13 milliards en 2003, puis 40 en 2004, 49 en 2006, alors que, pour la même année, celui de la Santé plafonnait à 80 milliards. En 2012, il va s’élever à 93 milliards, soit presque 5% du budget de l’Etat, ce qui est un record mondial ! Me Wade peut être fier : son budget est supérieur à celui du président Sarkozy dont le pays est 200 fois plus riche ! Si l’on y ajoute le prix de ses jets personnels, celui de ses gadgets, tel le Monument dit de la Renaissance, il aura été le président qui aura le plus couté au trésor public. Une autre chose qui augmente ? La longueur des allocutions de fin d’année du Chef de l’Etat : cet exercice symbolique durera 30 minutes en 2007, 1 heure en 2009, 1 heure et 20 minutes en 2011 ! Une autre augmentation : le salaire des ministres. En 2001, on nous avait assuré qu’il venait de subir une forte hausse qui le ferait passer à près de 1.400 000 F, dont un million prélevé sur les fonds politiques. Depuis, c’est le flou complet, c’est un secret d’Etat, mais si on s’en réfère à ce qui est servi aux directeurs des agences, qui sont sous la tutelle des ministres, et à ce qui vient d’être accordé à certains magistrats, ce salaire a du atteindre des niveaux inavouables pour un pays qui figure au 144e rang mondial par son PIB par habitant.


Le temps des complots imaginaires et des crimes impunis


Conformément à ses engagements, le Président avait créé une commission technique d’experts pour réformer la Constitution, les conclusions sont approuvées, six mois plus tard, par un conseil interministériel et font l’objet d’une concertation entre lui et le Premier Ministre. Pourtant dix ans plus tard, il prétend que la nouvelle constitution est sa création personnelle alors qu’il n’est pas un constitutionnaliste. Au vu des multiples manipulations qu’il opérera sur ce texte (15 modifications !) dont il serait le seul père, on pourrait presque parler d‘inceste. Et quid du code électoral si difficilement acquis avant l’Alternance ? « Je ne modifierai pas seul le code électoral ! », avait-il dit : Wax Woxeet ! Le consensuel est mort avec l’Alternance. La loi sur le fichier électoral a été votée en 2004 sans l’accord de l’opposition. Idem pour la prolongation du mandat des députés élus sur la base de l’ancien code. L’opposition et la société civile marcheront contre « les dérives du pouvoir », de nombreux leaders seront arrêtés et 66% des Sénégalais boycottent les élections législatives de 2007. Pour l’élection présidentielle de 2012, le bulletin unique a été refusé, sur la base d’arguments indignes d’un pays qui se vante de voter depuis un siècle et demi, les cautions des candidats ont été revues en hausse, sans débat ni consultation.
Promesse encore : il n’y aura plus de répression violente de manifestants. Six mois plus tard, l’étudiant Balla Gaye est tué par la police, puis c’est au tour de 2 autres jeunes qui manifestaient à Kédougou, dont on prétendra d’abord qu’ils ont été « piétinés » par la foule, un jeune homme est tué à Matam dans des conditions restées obscures, un autre qui protestait à Yeumbeul contre les délestages est abattu, les forces de sécurité et de défense n’hésitent pas à user de balles réelles jusque dans les campus universitaires, provoquant la mort d’un étudiant à Ziguinchor. La liste n’est pas exhaustive : l’Alternance est cruelle contre la jeunesse ! Pas elle seulement ! Talla Sylla est sauvagement agressé et, parmi les personnes citées ou interrogées par la police, il y a Souleymane Ndéné Ndiaye, Papa Samba Mboup, Abdoulaye Faye. Ces personnalités occupent aujourd’hui les fonctions de Premier Ministre, chef de cabinet du Président de la République et Administrateur du PDS. L’affaire sera classée sans suite. L’Alternance n’a pas été le Sopi, elle a été le temps des complots imaginaires et de vrais crimes impunis.
Kadhafi ? C’est l’un des premiers chefs d’Etat que Wade visite, deux mois après son élection, et Tripoli sera une étape obligatoire dans ses pérégrinations à travers le monde. C’est un complice avec lequel il complote le projet d’une Afrique à deux vitesses, pour accélérer l’unité du continent. Il l’accueille à Dakar, avec les honneurs, pose avec lui la 1e pierre d’une tour de 50 étages et le Guide Libyen fait sa publicité en invitant les Sénégalais à lui assurer un mandat sans limite. L’alliance est scellée par le défilé à Dakar d’un contingent de l’armée libyenne à l’occasion des cérémonies du 4 avril. Patatras : toutes ces marques de considération sont brutalement foulées aux pieds. Wade est le 1e chef d’Etat à débarquer à Benghazi à peine « libérée », embedded dans l’armée française. Et, « les yeux dans les yeux », mais à 1000 km de distance tout de même, il le traite de « dictateur » et le somme de quitter le pouvoir.
Le sort réservé à ses plus proches collaborateurs n’est pas moins indigne. En 2000, il affirme que tout va bien entre son directeur de cabinet et son Premier Ministre et, un mois plus tard, il limoge le second pour « déviationnisme », alors que c’était l’homme sans lequel il n’aurait pas accédé au pouvoir. Il le trainera ensuite devant la police et s’amusera longtemps à maintenir au dessus de sa tête une épée de Damoclès. Plus de dix ans après, son ressentiment contre Niasse n’est pas encore éteint. Quant au directeur de cabinet, il ne perd rien pour attendre : promu Premier Ministre, adulé puis brutalement destitué, avant d’être mis en détention pour complot et détournement. Son successeur, le 4e Premier Ministre de l’Alternance, subira presque le même sort pour avoir osé défier son fils. Le parcours est connu : négation de toute divergence, puis reconnaissance de la tension et octroi d’un pardon, puis limogeage organisé avec la complicité de parlementaires zélés, graves et infondées accusations (« blanchiment d’argent » !) et enfin rupture.
Le Conseil Constitutionnel : incompétent sur la procédure adoptée pour le référendum sur la nouvelle constitution. Incompétent pour répondre aux requêtes présentées par le PS et l’URD sur le référendum. Incompétent sur la CENA. Incompétent pour la loi sur le cumul des élections. Mais, le 27 janvier 2012, c’est son existence même qui est en jeu et on ne lui pardonnera ni incompétence ni compromission.
Promesse : le Conseil Economique et Social sera supprimé. C’est fait. Le Sénat sera supprimé. C’est fait. Le CRAES est créé. Revirement : le CRAES est supprimé après que son président ait été contraint à la démission. Le Sénat et le Conseil Economique et Social sont rétablis, plus coûteux, moins légitimes, avec des membres quasi-exclusivement nommés par le Président. Allez comprendre !
Promesses encore : les cahiers de doléances des syndicats seront désormais publiés, la journée continue, les régions, les cours d’assises seront supprimées, tous les hauts fonctionnaires, les membres de la police, les enseignants seront alphabétisés en wolof… pardon : dans les six langues nationales. L’Université du Futur, dont le financement est pratiquement bouclé (14 milliards déjà disponibles) dispensera des cours dans les mêmes conditions que les meilleures universités du monde… Onze ans plus tard, aucune de ces réformes n’a été mise en exécution et l’université du futur porte bien son nom : elle est toujours en chantier… sinon déjà en ruines.
Pour la première fois dans notre histoire politique, tous les élus du parti au pouvoir, conduits par le Président de la République, donc deux pouvoirs réunis, vont en cortège s’incliner aux pieds d’une autorité religieuse. C’est peut-être cela le Sopi, c’est en tout cas la fin de l’Etat laïc, à égale distance des cultes et des confréries. La côte d’alerte est atteinte lorsqu’un journal révèle que le Khalife des Mourides a été porté en tête de liste PDS aux élections locales. « C’est un citoyen comme les autres et son geste est éminemment républicain ! » affirme Wade. Ce n’est pas l’avis de la famille qui estime que le marabout n’a pas besoin de cela et retire son nom. Pour la première fois aussi, le Palais présidentiel accueille le Khalife Général des Mourides escorté de milliers de fidèles. « Je mets Touba au dessus des autres parce que ce sont les Mourides qui m’ont élu ! » dira en substance le Président. C’est à la fois injuste, injurieux et faux, et la presse en conclut que Wade est devenu « le plus grand commun diviseur » du Sénégal. Elle affirme aussi qu’il a fait remettre 2,5 milliards à Touba, en pure perte, puisqu’il n’obtiendra pas le « ndigel » qu’il voulait acheter... Il n’est pas seulement le premier président sénégalais à afficher son appartenance confrérique, il est aussi le premier à se mettre à dos la communauté chrétienne. Après un premier incident étouffé grâce à une rencontre avec les évêques, il ouvre les hostilités en cherchant à justifier son faramineux monument de la Renaissance : il fait le parallèle entre sa statue et le Christ en croix. Cette fois c’en est trop : les jeunes chrétiens, habituellement si mesurés, enflamment la rue entre la Cathédrale et le Palais, et affrontent la police. Le président rectifie le tir : « mes propos ont été déformés ! ». Avec lui, c’est toujours la faute des autres. Wax woxeet...


Le temps des choses jamais vues

La catastrophe du siècle : par la faute des hommes, le Joola chavire au large des côtes de Gambie, faisant près de 2000 morts, c’est la plus grande tragédie de l’histoire maritime en temps de paix. « L’Etat est responsable », reconnait le président, « des sanctions seront prises à tous les niveaux, le bateau sera renfloué ». Pourtant, moins de trois mois plus tard, une marche des parents des victimes, contre l’oubli et pour la vérité, sera réprimée par les lacrymogénes et fera des blessés. Pourtant dix ans plus tard, ces mêmes parents ressassent les mêmes doléances : mauvaise prise en charge des orphelins, impunité des responsables, non renflouement de l’épave et inexistence d’un mémorial... L’Alternance n’aura même pas pu tirer une leçon de cette terrible tragédie !
Comme si le Joola ne suffisait pas à notre peine, trois mois plus tard, un « heugg », une pluie de contre saison, fait 29 morts, tue 600 000 bêtes et provoque une perte de 31 milliards. Si l’on ajoute à cela le suicide par le feu de trois personnes, aux portes du Chef de l’Etat, la mort « accidentelle » d’un de ses gardes de corps, impliqué dans une affaire trouble, et dans un registre moins tragique, la traduction devant la police de trois des six Premiers Ministres qui ont servi Wade, on peut dire que l’Alternance a été le temps des choses jamais vues.
Elle a été aussi le temps des lois scélérates. Telle celle votée par le Parlement le 5 janvier 2005, contre l’avis de l’opposition, et dont le véritable objet, c’est de tuer une 2e fois Me Sèye et de blanchir ses assassins dont la libération avait été à la fois inexpliquée et provocante. Sa famille n’a pas été entendue, l’opinion nationale est outrée, la communauté internationale condamne, le Conseil Constitutionnel se contente de récuser un article. Un livre sort qui porte de graves accusations de crime et d’assassinat, Me Wade est sans mot, pour une fois : « Je ne poursuivrai pas Latif Coulibaly ».
Face à la détresse des paysans, il promet d’utiliser les fonds politiques pour soulager le monde rural. On le découvrira plus tard, ils serviront plutôt à alimenter une « mallette » destinée à un haut fonctionnaire international, une « broutille » de 100 000 euros et 50 000 dollars. Le Président accusera son officier de garde, mais le FMI reste ferme : l’argent a été « remis en tête à tête ». C’est vrai qu’il était bien à plaindre, le pauvre M. Segura, avec son salaire de misère, comme sont à plaindre ces centaines de bénéficiaires des « enveloppes » présidentielles : des lutteurs qui n’ont que la peau sur les os, des imams complaisants et des hordes de militants qui n’ont droit qu’à une « cola » et un « paass » de quelques millions !
Promesse 2001 : la route Linguère-Matam sera bientôt construite, 10 sur les 30 milliards nécessaires sont déjà disponibles. Disponibles oui, mais apparemment erratiques ! Promesse 2011 : la route « Linguère-Matam » sera bientôt construite, ainsi d’ailleurs que la route « Matam-Linguère ». Heureux Matamois !
Le rififi gagne le PDS, et commence un feuilleton qui n’a pas fini de livrer ses secrets. Saison 1 : à Matam, face à ses militants, Wade proclame : « Idy est mon fils et je ne me séparerai pas de lui ! ». Avec lui, ce n’est jamais bon signe : moins d’un mois plus tard, il le liquide de son poste de Premier Ministre. C’est, nous dit-on, une séparation à l’amiable, et pourtant l’épuration commence, et à Libreville, le président accuse son ex. collaborateur d’être resté passif face à ses adversaires. Le débat reste politique, des députés pro-Idy entrent en rébellion, la maison de Seck est maculée d’excréments. La politique est sale…
L’occasion fait le larron : la tenue du Sommet de l’OCI constitue une opportunité pour mettre en chantier de grands travaux destinés à faciliter la mobilité urbaine à Dakar et augmenter ses capacités hôtelières. D’énormes sommes d’argent sont attendues (150 milliards dans un premier temps), venant d’Etats peu soucieux d’orthodoxie financière : c’est exactement ce qu’il faut au petit Wade qui piaffe d’impatience dans son rôle de conseiller de son président de père. On lui offre l’ANOCI et à la première occasion, son père nous vante ses prouesses : « Karim tu as bien travaillé, je le dirai à ta mère ! ». Qui a dit que « saabu du foot boppam » ? Pas Me Wade, qui ne tarit pas d‘éloges sur son rejeton : « Karim est poli », dira-t-il au Khalife Général des Mourides, avant de nous asséner cette révélation : « Karim est le meilleur financier africain ». Le sommet de l’OCI, reporté à 2 reprises, se tiendra sans la présence de son principal bailleur, le roi d’Arabie Saoudite. La Corniche a été construite, avec ses deux voies et son tunnel, elle s’imposait. La VDN est élargie et enjambée de ponts. L’autoroute ouvre son 1e tronçon. Le Grand Théâtre est inauguré… Les Dakarois applaudissent. L’infrastructure urbaine, c’est le principal titre de gloire de l’Alternance. Mais pourquoi 1 km de bitume coûte-t-il 8 fois plus cher à Dakar qu’à Tunis ? Pourquoi un tunnel au bord d‘une plage, pourquoi il a couté si cher, et pourquoi n’est-il pas toujours réceptionné ? Pourquoi les riches empêchent l’accès de la mer aux plus pauvres ? Pourquoi Karim n’a-t-il pas osé un vrai débat sur ces chantiers, se réfugiant toujours derrière son père, alors que de très graves accusations sont portées sur sa gestion de l’ANOCI ? Pourquoi ces chantiers sont pollués par des scandales fonciers ? Un grand théâtre ? Oui, mais il ya belle lurette qu’il n’y a plus de salle de cinéma à Dakar, que Sorano ne sert à rien, que le cinéma et le théâtre sénégalais sont morts. Pourquoi Dakar et ses environs ont-ils englouti plus d’un millier de milliards en infrastructures, alors qu’il est toujours difficile, faute de bonnes routes, de se rendre à Matam, à Sokone ou Ziguinchor ? L’Alternance a beaucoup construit, mais jamais dans la transparence et dans le respect des priorités.
Saison 2 de notre feuilleton qui soudain vire au roman noir. Idy est inculpé de graves fautes, pas moins qu’un attentat à la sûreté de l’Etat et à la défense de la nation. Puis le dossier tourne au nauséabond : son domicile est maculé d’excréments, on lui reproche des marchés frauduleux. 40 milliards dit le ministre des finances, 46 prétend l’IGE, l’Etat lui-même bafouille et cela lui arrivera souvent puisqu’on ne sait toujours pas combien Sudatel a versé au Sénégal. Idy est inculpé, il semble hésiter entre demander pardon à Wade et accuser à tout va : les juges de félonie, le ministre L. Savané de magouilles, M. Sall, Premier Ministre, de traitrise. C’est trop tard : il est jeté hors du PDS, dont le chef exclut toute réconciliation avec lui. Il dénonce, diffuse des CD pleins de venin, refuse tout deal et justifie l’origine, scabreuse, de sa fortune. Il connaitra la prison, puis l’affaire déborde sur le monde des affaires : Bara Tall est accusé de complicité et d’escroquerie de 8 milliards, puis déféré…
Une promesse s’impose : je terminerai quand même les chantiers de Thiès, proclame le Président. Six ans plus tard, ils restent en …chantier et Wade « repromet » : Thiès sera la 2e capitale du Sénégal.
Nicolas Sarkozy est à Dakar et, sans égards pour son hôte, le président Wade, que l’on croyait plus vigilent lorsqu’il s’agit du respect du au continent noir, il insulte l’Afrique : elle est hors de l’Histoire et incapable de progrès. Ces termes ont été proférés dans le plus grand amphithéâtre d’une université qui porte le nom de Cheikh Anta Diop ! Les colères de Me Wade seraient-elles réservées à ses seuls collègues africains ?

Le temps des guerres tribales

Les Grands Travaux de l’Etat se poursuivent avec l’Aéroport International Blaise Diagne. Wade est hanté par les pharaons, mais aussi par Senghor, qu’il exalte un coup et voue aux gémonies une autre fois. D’où cette idée de profiter de son déménagement pour rebaptiser l’aéroport de Dakar. La 1e pierre est posée le 4 avril 2007, délai 30 mois, coût 210 milliards et, précise Karim dont la mission est sans limite et qui a de qui tenir : « il ne coûtera pas un sou au budget ! ». Ce qui ne l’empêche pas de signer en 2011 un financement de 244 milliards pour l’achèvement des travaux et d’en fixer la réception « au début de 2012 ». Au 4 janvier 2012, cinquante huit mois se sont écoulés et l’aéroport n’est pas achevé, les experts estiment qu’il faudra encore des années avant qu’il ne soit fonctionnel. Rien ne presse de toute façon : l’autoroute qui le reliera à Dakar est loin d’être terminée.
D’autres chimères prennent visage. Le monument de la Renaissance engloutit 14 milliards, au moment où la banlieue est noyée sous les inondations. Pire encore, sa construction a fait l’objet d’une manipulation foncière grossière et illégale… Le Fesman a bien lieu, il aurait coûté 70 milliards, fournis pour l’essentiel par le Sénégal, alors qu’on avait annoncé de fortes contributions étrangères. Un an après sa tenue, des artistes étrangers courent encore derrière leurs œuvres et 200 prestataires sénégalais réclament 700 millions de francs d’impayés ! Le Fesman n’a pas été la fête pour tout le monde.
Notre feuilleton : saison 3. Rebondissement : le retour d’Idy au PDS est annoncé. Mais un grain de sable gâche tout : « Entre Idy et moi c’est fini…à moins qu’il ne me demande pardon publiquement ! Les rumeurs contre Karim viennent de lui ! » dit l’un, en substance. Réplique de l’autre : « On a voulu attenter à ma vie, je ne retournerai pas au PDS ! ». Pourtant dans les coulisses, on négocie : c’est le « Protocole de Reubeuss » : une notaire, un avocat, des rendez-vous dans un bar, des documents falsifiés, c’est du piment pour stimuler l’intérêt d’un public un peu lassé par la tortuosité des protagonistes. Puis conclusion finale ( ?) : « le retour de Idy n’est pas à l’ordre du jour ! »
On peut gouverner des années et ignorer le langage administratif, le bon usage en matière de gestion des affaires publiques et même tout simplement les lois de l’Etat. Confondre procès-verbal et décret : « Article 1 : le Chef de l’Etat a reçu ce matin le Premier Ministre… » (2003). Mettre tout un gouvernement en stand-by : le décret du 3 octobre 2007 portant remaniement gouvernemental ne prendra effet que le 14. Se tromper de régime et confondre le présidentiel et le parlementaire : « Si je veux acheter un avion, je ferai juste une déclaration devant l’Assemblée Nationale ». Des décisions sont prises qui ne seront jamais appliquées : création d’un poste de vice-premier ministre, puis de celui de vice président qui est voté solennellement par le Congrès, les femmes sont invitées à choisir entre les postes de premier ministre et de vice-président. Autant de chimères qui ont mobilisé des énergies et alimenté des débats et qui sèchent comme raisins au soleil.
Promesses : en 2008, la Vallée produira 300 000 T de riz. On n’en sera qu’aux 2/ 3 en 2011 ! A la fête de la moisson, à Bambey, on prédit 1.500 000 tonnes de céréales. La Goana va plus loin : 2 millions de tonnes de maïs, 3 millions de tonnes de manioc, 500 000 tonnes de riz, sans l’aide d’aucun bailleur étranger. Chaque ministre ou directeur devra exploiter 20 ha ! On est toujours loin du compte : à la première fête de la Goana, on en était réduit à exposer des légumes en plastic et aujourd’hui, en 2012, des milliers de ruraux sont menacés de famine selon le CNCR. Les promesses, elles, continuent : des ponctions seront effectuées sur les salaires au profit des plus démunis et le nombre de ministres sera réduit, un chantier, d’un coût de 100 milliards en cinq ans, est lancé pour des travaux d’assainissement de voierie et d’éclairage à Touba. Tant qu’à faire, Tivaouone recevra la même somme. Des assises sur l’enseignement seront organisées. Construction imminente d’une voie ferrée entre Tambacounda et Ziguinchor, de 7 (sept !) « chemins de fer », d’un tramway et d’une centrale nucléaire… Les liaisons maritimes Dakar-Rufisque et Dakar-Bargny seront bientôt mises en service. Paroles, paroles…
En attendant : Tiken Jah Facoly est expulsé du Sénégal. « Je n’étais pas au courant ! ». Le domicile de Ousmane Tanor Dieng est attaqué une première fois en 2007, assiégé en même temps que celui de Niasse et de Bathily en 2011. Tirs groupés contre les Assises Nationales et Amadou Mahtar Mbow qui les préside, contre la FAO, qu’il faut supprimer et que Me Wade promet de traduire en justice, et contre son directeur, un Sénégalais pourtant. Le président n’aime pas qu’un Sénégalais qui ne reconnait pas sa primauté brille dans le monde, et la médiatisation de la candidature de Youssou Ndour le rend malade. Il distribue des millions aux obsèques, mais sera absent à celles du plus grand homme politique de l’histoire postcoloniale du Sénégal : Mamadou Dia.
Notre feuilleton : saison 4. Tout reprend à zéro : le Président reçoit Idy à 3 reprises, 10 heures d’entretien, ce n’est pas un « marchandage », c’est la réconciliation, Idy a été accusé à tort selon Wade. Une conférence de presse est tenue pour confirmer le retour, en présence des apparatchiks du parti qu’Idy ne ménage guère. Ce n’est pas rassurant.

Comment Zorro est devenu Ubu

Les ambulants refusent leur déguerpissement et menacent de mettre Dakar à feu et à sang : le Président accuse ses ministres. La mendicité est interdite sauf devant les lieux de culte : marabouts et talibés s’énervent, Wade désavoue son premier ministre. Les rappeurs assiègent le Parlement : il parle d’une « mauvaise interprétation » de son projet, accuse les ONG de manipulation, mais retire sa loi sur le ticket président/vice-président. Leçon à retenir : quand la rue gronde, Wade recule. Aux élections locales, le pouvoir perd Dakar pour la 1e fois depuis l’indépendance, Karim ne sera pas maire de la capitale, Saint-Louis, Kaolack, Diourbel, Louga... passent aux mains de l’opposition. C’est la première alerte.
Promesses quand même : finie l’ère des Grands Travaux, commence celle des Très Grands Travaux. Wade promet des avions « made in Sénégal », alors que le pays vit dans les délestages. Il annonce les 7 Merveilles du parc culturel, un chemin de fer électrique entre Dakar et Thiès. En attendant, l’autoroute Dakar-Diamniadio coûtera 350 milliards.
Notre feuilleton saison 5. Les protagonistes semblaient à bout d’inspiration et on commençait à s’ennuyer. Soudain on nous annonce une nouvelle rencontre, « à la demande » d’Idy. Cette fois, c’est la réconciliation, la vraie. Idy, définitivement blanchi, accueille le « maître » à Thiès, en « disciple ». Mais la ferveur n’est pas des deux côtés. En réalité, la rupture est consommée et le fils d’emprunt passe à l’attaque : la candidature de Wade en 2012 est illégale et à l’appui, il fournit une preuve signée par un éminent constitutionnaliste. Wade ne pardonne pas cet affront, mais il mettra un an avant d’organiser son propre séminaire sur la recevabilité de sa candidature et de fournir son contre-rapport signé de quelques mercenaires complaisamment rétribués. Hélas, les rédacteurs de la Constitution et surtout le plus éminent constitutionnaliste sénégalais sont unanimes : son cas est indéfendable. La rupture est consommée : est-ce la fin du feuilleton ? Rien n’est moins sûr ! Car les protagonistes en sont à la fois les deux vedettes et les scénaristes, et tous les deux ont une imagination fertile et des dons de rouerie incommensurables au point que longtemps on a évoqué l’idée d’un deal. Tout reste donc possible, tout dépendra du profit qu’ils pourraient en tirer.
En attendant « the show must gone », les promesses continuent : les gouverneurs seront remplacés par des ministres résidents, et le Sénégal sera autosuffisant en riz en 2012 : « je suis affirmatif ! », lance le Président d’un ton martial. Tel un serpent de mer, le forum sur l’enseignement est ressorti des tiroirs, accompagné d’une monumentale promesse d’habitat social. Le fils y va du sien : il promet de boucher tous les nids de poule de toutes les routes et de toutes les rues du Sénégal…
Mais que valent désormais les promesses ? Un évènement majeur s’est produit le 23 juin 2011 : les jeunes, ceux là mêmes qui avaient porté Wade aux nues et protégé son domicile en 2000, sont dans la rue et lui disent : « Dégage ! ». Plus de cent blessés sont relevés, mais la rue est joyeuse et déterminée. ! Le président n’a pas compris : alors quatre jours plus tard, c’est la nuit « anti Senelec ». Le désordre est désormais à nos portes.
L’histoire des douze ans de l’Alternance, c’est comment Zorro s’est transformé en Ubu-Roi. Abdoulaye Wade était arrivé au pouvoir bien tard, à 74 ans, de façon quasi miraculeuse, alors qu’épuisé par un long combat d’opposant et surtout totalement démuni, il hésitait à se lancer dans une nouvelle bataille électorale. Au cours de ses deux mandats, il s’est débarrassé successivement de ceux qui l’avaient exfiltré de son exil parisien pour le lancer dans le combat de la dernière chance, puis de celui dont le concours lui avait permis d’arracher le 2e tour face au président sortant. Ceux qui constituent aujourd’hui sa garde rapprochée, auxquels il a confié le sort de sa campagne électorale, sont pour la plupart ceux-là mêmes qui l’avaient combattu ou avaient refusé de le rallier au moment décisif. Ses plus proches lieutenants et notamment les directeurs de ses deux campagnes présidentielles, les fidèles du premier cercle et d’autres, l’ont quitté ou se préparent à le faire, ne se reconnaissant plus dans ses manœuvres ou dans sa politique. Il fait aujourd’hui flèche de tous bois, et dans son entourage immédiat, il y a des hommes et des femmes soupçonnés de crimes et d’agressions, de détournements de biens publics, voire mêlés à des affaires de mœurs, et qu’il ne peut ni sanctionner ni démettre au risque de manquer de soutiens. C’est pour cela, qu’en bonne logique, il ne devrait bénéficier, en 2012, ni des voix de ceux qui l’ont élu en 2000, ni de celles de ceux qui avaient alors voté contre lui. Les premiers parce qu’il a trahi les idéaux du SOPI historique et qu’ils n’ont plus aucune dette à son endroit. Les seconds parce qu’il a administré la preuve qu’il n’était pas le bon choix : il n’est plus l’alternance, il est devenu le passé ! Voter contre lui est devenu pour tous plus qu’un droit, c’est désormais un devoir.

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